Andry Rajoelina essaie de garder ses poings levés.
Une période initiale de deux ans, le Président de la HAT, Andry Rajoelina, alias TGV, donne l’impression comme s’il veut tout accélérer. Dans sa lettre à Jean-Paul Jainsky, CEO de Sagem Sécurité SA, du 14 mai lui demandant de mettre en place a système pour sécuriser l’élection présidentielle à Madagascar, TGV a spécifié dès le début que « la population malgache sera appelée aux urnes dans un future proche ». Effectivement, s’il attend trop longtemps, son niveau de popularité risque de descendre très bas. Surtout qu’il n’a pas que l’opposition persistante à régler mais aussi de garder la main sur l’équipe de son gouvernement.
Les premiers discordes : les Conseillers et Ministres de Rajoelina ont déjà semé des troubles dans diverses compagnies à cause de leurs méthodes hâtives. Le Ministre des Finances, Benja Razafimahaleo risque de glisser sur une peau de banane à cause de son intervention brutale dans l’affaire Galana, parce que c’était sa belle-sœur, veuve de son frère Herizo, qui a joué le rôle d’intermédiaire et qui a présenté Azad Hiridjee à TGV. Le Ministère de l’Environnement s’est opposé à la Nouvelle Brasserie de Madagascar (NBM) à qui il refuse de donner son autorisation. Le Ministre de la Télécommunication, Augustin Andriamanoro, est en mauvais termes avec Orange, concernant les câbles sous marines et la revente de leur capacité. Patrick Leloup, Conseiller spécial de TGV, pour sa part, a faciliter la marche pour différentes compagnies françaises. Il a choisi ses amis Drake & Bart pour conduire l’audit des contrats miniers et pétrolier, et pour agir comme intermédiaire pour contacter Sagem Sécurité. Une autre personne importante du régime de la transition dans les affaires, Alain Ramaroson veut reprendre certains permis miniers sur Ilakaka appartenant à des compagnies proches de Marc Ravalomanana, et les transférer à Jeannot Le Quartz. Sa sœur, Nadine Ramaroson, souhaiterait l’interdiction de l’importation de savon et favoriser ainsi la compagnie de son père, La Savonnerie Tropicale. Enfin, la sœur de TGV, Voahirana, est active dans l’import-export, avec une des conseillers de TGV, Corinne Donte, née Randrianome, ancienne présentatrice de MaTV.
Capsat fait ce qu’il veut : les forces de l’ordre ne sont pas en reste. Plusieurs opérateurs économiques ont l’impression d’être à la merci des « rackets » des militaires du Capsat, pour qui le pouvoir est monté à la tête depuis qu’ils ont aidé Rajoelina à atteindre le sommet en mars. C’est ce qui est arrivé à la compagnie française Assist Development appartenant au Français Alain Moyon, qui a été déclaré persona non grata par le Président Ravalomanana avant son retour à Antananarivo en avril. Une dizaine de militaires du Capsat, armes chargées, étaient venus dans les locaux de la société avec un mandat au nom de la défense de la HAT. Ils accusaient la direction de Assist Development d’avoir caché une grosse somme d’argent pour financer un coup d’Etat et il a perdu toute sécurité. Comme ils n’avaient rien trouvé de répréhensible, ils étaient encore revenus, deux fois, jusqu’à ce que Moyon décide de faire un communiqué relatant ces évènements en début juin. Deux Commandants du Capsat, Charles Andrianasoavina et René Lylison, ont fait la Une en participant à différentes arrestations brutales des leaders de l’opposition, et en se confrontant avec les hommes proches de Alain Ramaroson. Ces deux incontrôlables officiers ont été récemment transférés parmi les gardes présidentielles de Rajoelina.
Phobie des mercenaires. TGV doit néanmoins traiter les forces armées avec attention, parce qu’il a besoin de leur soutien, particulièrement au moment où les partisans de Ravalomanana veulent croire que ce dernier pourrait revenir à Madagascar à la tête du contingent militaire pour le remettre au pouvoir avant la fête de l’indépendance, le 26 juin. Ce n’est peut-être qu’une illusion, mais le Gouvernement de la transition a mis une bonne partie de l’armée en alerte et a demandé au Conseil Militaire de la Défense Nationale (CMDN) d’entrer en action. Dirigé par le Général Ranto Rabarison, qui a été l’Aide de camp de Didier Ratsiraka (1988-1992) et par le Colonel Jean-Adolphe Dominique, Aide de camp de Zafy Albert (1993-1996) et époux de Cécile Manorohanta, Ministre de la Défense de Ravalomanana, qui a donné sa démission en février 2009, le CMDN a décidé le 16 juin de conduire une opération de « nettoyage » entre Antsiranana et Antananarivo et a appréhendé des « possibles mercenaires ». Mais le CMDN ne dispose d’aucun homme et a dû avoir recours à des sous-traitants pour organiser une troupe de la part du Ministère de la Défense et du Haut commandement militaire.
Jean Jacques Rabenirina :
L’ancien Ministre du tourisme et de la culture de Marc Ravalomanana, mis à la porte en 2006, Jean- Jacques Rabenirina, est devenu un fervent supporteur du Président de la Haute Autorité de la Transition (HAT), Andry Rajoelina. La semaine dernière, il a été à Poitou Charente, région de France, où il a rencontré l’ancien Député Dominique Paillé, un des conseillers du Président Nicolas Sarkozy. Rabenirina lui a expliqué que les récents évènements à Madagascar ne sont pas un coup d’Etat comme certains le revendiquent. Cette rencontre a eu lieu grâce l’intervention de Théo Baron, Président de l’association locale de Solidarité Entraide Franco-Malgache.
Sylla n’a pas encore dit ses derniers mots :
Jacques Sylla, qui a été Premier Ministre du régime Marc Ravalomanana et puis Président de l’Assemblée Nationale, a perdu ses crédibilités depuis que les membres de la HAT ont rejeté sa demande au poste de Premier Ministre de la Transition. Il a passé beaucoup de temps en compagnie de l’Archevêque d’Antananarivo, Mgr Odon Razanakolona. Ils ont, tous les deux, présenter publiquement le Plateforme des Associations non-étatique catholiques (Panec) dont le Président n’est autre que Yvette Sylla (épouse de Jacques Sylla), qui était également présidente de l’Association Crac-Hasina (Centre de Réflexion et d’Actions Catholiques), précurseur de Panec. Jacques Sylla occupe encore le poste de Président de l’Assemblée Nationale, même si les Députés ont été suspendus de leur fonction par le nouveau régime de la Transition en mars dernier. Sylla ainsi que son personnel perçoivent encore leurs salaires tandis que ces collègues sont au chômage politique. Il a même entrepris des travaux de réhabilitation des réfectoires de l’Assemblée ainsi que les appartements privés utilisés lors des séances parlementaires. Il y a deux semaines ; Sylla a accepté de prêter la portion du budget fonctionnel de l’Assemblée Nationale (Euros 735 000) au Premier Ministre de la Transition Monja Roindefo comme une provision pour les « coûts de assises nationales et régionales ». Ces assises ont été suspendues et ne vont reprendre qu’après la Fête de l’Indépendance, 26 juin.
MEIL :
Même si par le passé, il était proche du Président destitué Marc Ravalomanana, le Magnat venant de Hong Kong, Hui Chi Ming, est un homme d’affaires très pragmatique. Son consortium Madagascar Energy International Ltd (MEIL) ne va pas abandonner ses plans d’exploration de pétrole. Au fait, à la fin du mois de mai, MEIL a inauguré ses premières opérations de forage du block 3113 dans la région de Tuléar, en présence du Ministre de l’Energie et des Mines Rodolphe Ramanantsoa, et de Zidane He, un des administrateurs de MEIL et le Directeur Général de la société, Li Yin. Le résultat des opérations de forage sera connu vers le début du mois d’août. Aucun forage n’a été effectué par MEIL sur les autres blocks (2010 et 2104) dans la côte Ouest de Madagascar.
NOUVELLES PRESSES DE MADAGASCAR :
La société Nouvelles Presses de Madagascar (NPM) qui fournit des assistances techniques au quotidien Le Courrier de Madagascar appartient à deux femmes d’affaires, Albertine Raharisoa Mboahangy et Vatosoa Randriambelo, qui sont proches de la famille du Ministre des Finance, Benja Razafimahaleo. Le Managing Director de NPM est Eddy Randriambololona, ancien journaliste de MBS (du groupe de l’ancien Président Marc Ravalomanana) et de Les Nouvelles par la suite, un quotidien appartenant à Naina Andriantsitohaina. Toutefois, Mboahangy et Randriambelo ne sont pas propriétaires du Courrier de Madagascar. Le vrai propriétaire de ce quotidien se trouve derrière la scène d’une discrète société d’actionnaires.
Azad Hiridjee veut se venger :
Déclaré persona non grata en 2005, Azad Hiridjee est retourné à Antananarivo en avril pour regagner sa place au sein des sociétés Galana. L’affaire est maintenant au Tribunal.
En août 2008, le Gouvernement du Président Marc Ravalomanana a émis un décret autorisant le retour à Madagascar de l’homme d’affaires Azad Hiridjee, après son expulsion du pays depuis 2005. Ce dernier a préféré d’être vigilent et ne s’est pas précipité. Eventuellement, il est retourné à Madagascar en avril 2009, en profitant du changement de régime. Avec l’aide des autorités, il a essayé d’obtenir son siège au sein du Conseil d’administration de Galana Distribution Pétrolière (GDP) et de Galana Raffinerie Terminal (GRT) dont la compagnie mère est Galana Africa Ltd BVI auquel Hiridjee dispose de 47.5% des actions et son rival, Iqbal Rahim, 52.5%. e Ministre des Finances, Benja Razafimahaleo, qui est à la recherche des moyens pour remplir les coffres de l’Etat, a soutenu les démarches de Hiridjee. Il considère une perte de 3 millions de dollars en 2008 chez DGP, comme étant le résultat de mauvaise gestion. Il a donc demandé un audit, parce que l’Etat malgache dispose de 30% de GDP. Mais Rahim a refusé, dénonçant cela comme « interférence ».
Selon le General Manager de GDP, le Belge Philippe Guidemont, le litige entre Hiridjee et Rahim concerne une société à Maurice et ne doit pas être disputé dans le tribunal malgache. Surtout que maintenant Hiridjee n’est ni membre du Conseil d’administration ni actionnaire des compagnies GDP et GRT. Mais Hiridjee a le soutien du Ministre des Finances, qui a envoyé une lettre à Rahim le 7 juin, lui demandant des explications sur la manière de gestion de Galana, plus une autre, lui demandant la convocation d’urgence des membres du Conseil d’administration. Benja Razafimahaleo veut nommer un administrateur temporaire de GDP et GRT, qui est Jean Pierre Wyns, ancien Directeur Général de Shell, jusqu’à ce que le litige entre Hiridjee et Rahim soit résolu. Le Tribunal malgache doit rendre un verdict le 24 juin. Les deux avocates Fara Rajaonarison et Maria Raharinarivonirina représentent GDP et GRT.
Mamy RAVATOMANGA en fait encore un :
Le CEO du Groupe SODIAT, qui a lancé l’année dernière le quotidien La Vérité, prépare maintenant le lancement d’un autre quotidien intitulé Madagascar Matin.
D’une manière ironique, la confusion politique qui persiste à Antananarivo et les perspectives d’élections dans les prochains mois ont dopé les affaires pour les médias. Alors, deux quotidiens ont été lancés en l’espace de deux quelques semaines. D’abord, Le Courrier de Madagascar, lancé par Pascal Rakotomavo avec des investisseurs français, et maintenant, c’est au tour de l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, CEO du groupe SODIAT, de lancer prochainement un deuxième quotidien, avant le 26 juin, la date de l’Indépendance du pays.
L’année dernière, Mamy Ravatomanga a déjà créé le quotidien La Vérité, mais il a eu un problème avec le Rédacteur en chef, Rolly Mercia, et a dû suspendre la publication. Entre-temps, il va lancer le quotidien Madagascar Matin, une reprise d’un titre existant dans les années 70s mais qui avait disparu par la suite. Le contenu de ce nouveau journal aura une penchée économique et sera moins sensationnel que La Vérité. Son rédacteur en chef, Léon Razafitrimo, ancien éditeur de La Lettre du Mercredi appartenant à Herizo Razafimahaleo, le défunt frère du présent Ministre des Finances, Benja Razafimahaleo. Le propriétaire du quotidien Les Nouvelles, Naina Andriantsitohaina, fournira les supports techniques et les services d’impression pour ce nouveau journal. Il est aussi l’imprimeur du Courier de Madagascar.
Un autre homme d’affaires Merina se lance dans la presse, Yves Razanamasy, neveu de l’ancien Premier Ministre Guy Willy Razanamasy (1991-1993). Il est Propriétaire Gérant du nouveau quotidien Ino Vaovao, un dialecte côtier qui signifie « quoi de neuf ? ». Ce journal, lancé le 5 juin, cible la population côtière, mais pour le moment, il est seulement distribué à Majunga. L’éditeur de Ino Vaovao, Vanessa Raveloson, ancienne correspondante de La Gazette de la Grande Ile à Majunga. Le service commerciale publicité est géré par Vola Raveloson, Chef de la société Interauto, via la société Publicimmo.
GMA/CML
Collectif Malgache pour la Légalité.