jeudi 12 février 2009

Issues de la crise

La corde se tend dans les deux camps. D’un coté comme de l’autre, chacun veut se justifier sa propre position face à un groupe d’émissaires qui ne sont pas à même de comprendre le fond de la situation. Les regards externes se divisent et prennent plus au moins position en l'absence d’information vérifiée. D’un côté, c’est un silence qui ne rassure pas sur les dispositions à prendre, notamment pour le secteur privé qui cherche malgré tout à maintenir son activité sans prendre des positions radicales. De l’autre coté, un certain média terrorise et incite les malgaches à se méfier des uns et des autres, menace la presse et nargue les quelques lacunes d’autorité.

Avant que le pays ne se déverse de manière irréversible vers un chaos, une issue doit être trouvée d’un coté comme de l’autre. Le rapport de force doit se manifester plus que jamais pour qu’une situation « stable » rassure de nouveau les acteurs de l’économie.

Les avantages d’Andry Rajoelina est dans sa manière de communiquer à destination du grand public. Depuis qu’il a retrouvé ses chaînes de médias, VIVA n’arrête pas d’envoyer des messages terrorisant le public non rallié à sa cause en toute illégalité. TGV manipule la foule avec des mensonges pour arriver à sa fin. Il fait également usage de pression pour menacer toute tentative reprise de l’activité économique comme le témoigne le secteur prisé. Il crée des troubles pour dissuader les parents à envoyer leurs enfants à l’école. La liste est longue et une sorte de psychose gagne de plus en plus du terrain.

Dans l’autre camp, la sécurité et l’Etat de droit met du temps à s’imposer de manière légale. L’infrastructure de communication est entrain de se rétablir mais les contenus ont du mal à revenir à la normale pour rassurer l’ensemble de la population. Le gouvernement en place peine à démarrer normalement les activités, notamment le rétablissement de l’ordre. L’hypothèse d’une scission interne au sein des forces armées n’est pas confirmée mais le résultat est le même pour la population : une incertitude gagne l’esprit des gens pour empêcher chaque citoyen d’exercer ses propres responsabilités.

Face à ces deux positions antagonistes, l’économie est au ralenti, et est sur le point de s’écrouler. Les enchères montent de plus en plus pour faire fléchir la position de l’adversaire. Cela signifie que le pays est de plus en plus la proie à un terrorisme grandissant faute de pouvoir légal effectif. Ou bien faut-il que le peuple creuse de famine à cause la pénurie de PPN pour se mettre à genoux devant un pseudo pouvoir qui se dit démocratique.

Avant que le pays ne bascule vers cette dernière hypothèse, la situation doit revenir à la normale le plus rapidement possible. La population d’hier a fait savoir qu’ils en ont marre de la situation et elle souhaite arrêter le principal coupable. De l’autre côté, à en croire à la dernière photo du jour au 13 mai, le soit disant peuple se réduit à une poignée de fanatiques qui commencent peu à peu à comprendre que ce que fait le TGV n’a plus rien à voir avec la démocratie. Les entreprises sont prêtes à travailler si l’Etat rassure par des actions sur le terrain en faveur du maintien de l’ordre, disaient quelques témoignages des acteurs du secteur privé.

Il n’est plus à prouver aujourd’hui que la recherche de démocratie pronée par TGV initialement n’était qu’un leurre. Tout se joue donc sur deux issues possibles : (1) un réveil citoyen qui s’organise en un élan en faveur de la défense d’une vraie démocratie pour s’opposer au terrorisme de fait imposé par l’équipe TGV ; (2) un dispositif de sécurité qui démontre une forte capacité d’arrêter les actes illégaux et de privation de liberté qui terrorisent la population.

Toute autre solution renvoie le problème malgache à un eternel recommencement d’un cycle d’alternance politique identique aux pratiques destructives appliquées dans les autres pays africains. Le profit n’ira certainement pas aux malgaches mais à des puissances qui entretiennent cette alternance.

N.J (12 fév. 2009)

Manipulation sanglante de Andry TGV - Massacre Palais Ambotsirohitra - Madagascar

Manifestation 13 mai - 12/02/2009


Le Premier Ministre de Andry Rajoelina a nommé 4 autres ministres :
- Ministre des affaires étrangères: Ny Hasina Andriamanjato
- Ministre du commerce: Rakotonirina Jean Claude
- Ministre de la Justice: Razanamahasoa Christine
- Ministre de l'environnement et des eaux et forêts: Rakotovao Marie Jean Florent।

Editorial Tribune.com: L’exception et la règle

Le rassemblement du TIM et des sympathisants du régime Ravalomanana d’hier mercredi 11 février 2009 a fait l’objet de toutes les diabolisations de la part du camp adverse sur la Place 13 mai et sur les ondes alliées. Les artistes de renom qui devaient animer la manifestation ont dû y renoncer de peur pour leur sécurité, de peur pour leur vie, leurs biens et leur activité. Les responsables des écoles catholiques de la capitale eux aussi ont été contraints de prendre des décisions. Ils ont dû décréter la fermeture des établissements relevant de la Direction des écoles catholiques (DIDEC) du diocèse afin d’épargner les parents de davantage de soucis.
On conviendra que ce rassemblement du TIM est une contre-manifestation de celle conduite depuis près d’un mois par Andry Rajoelina et l’opposition ; ce fut la « démonstration de force » du régime en place. Mais pour la contre-propagande, il est plus que malsain de proférer publiquement des menaces contre les artistes, contre les directeurs des écoles qui ouvrent en les taxant d’immoral et de complicité avec les tueurs dans le carnage du 7 février à Antaninarenina.
Et la liberté de circulation, la liberté d’entreprise, la liberté de pensée, la liberté de réunion, la liberté de fréquentation ou encore la tolérance dans tout cela ? La vie est déjà assez difficile pour les ménages dans le contexte actuel après ces incendies, ces morts calcinés et cette boucherie d’Ambohitsorohitra. Le ménage lambda ne supporte davantage de menaces sur sa tête. Il se recroqueville sur lui-même ; il se terre volontairement dans sa solitude. Il se sent terrorisé lorsqu’un de ses membres sort dans la rue. Il ne croit plus à la vie sociale et il craint surtout que la guerre n’éclate entre voisins en raison de cette terreur morale et psychologique qui est répandue depuis la Place du 13 mai ces derniers jours.
Le père de famille est aujourd’hui de plus en plus terrorisé quand il envoie ses enfants à l’école et dans les grands magasins dans le centre ville. Il meurt d’impatience jusqu’à ce que ses enfants rentrent de leur classe ou du marché. Il n’ose plus s’aventurer à flâner et faire du lèche-vitrines sous les arcades ou dans les marchés aux puces. Dans certains quartiers, les rues sont désertées dès 18h.
La vue unique, la pensée unique, la voix unique, dénoncées et objets du combat de la Place 13 mai, sont-elles le monopole du régime que l’on veut abattre ? Le militantisme ne peut-il pas cohabiter avec la liberté des autres ? La propagande et les moyens de persuasion doivent certainement être des clichés chocs mais sans terreur.

Editorial Tribune.com | jeudi 12 février 2009, par Valis

Madagascar : les deux camps négocient, selon le secrétaire d'Etat français à la coopération Alain Joyandet

Des négociations sont ouvertes entre les camps du président malgache, Marc Ravalomanana, et du maire destitué d'Antananarivo, Andry Rajoelina, annonce, jeudi 12 février, le secrétaire d'Etat français à la coopération, Alain Joyandet.

"Ces négociations sont conduites par les représentants des Eglises, qui sont très importantes ici", a déclaré à la presse le secrétaire d'Etat à l'issue d'une rencontre avec M. Rajoelina. Les négociations se déroulent sous l'égide du Conseil des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM), qui regroupe quatre Eglises, catholique et protestantes.

Les deux délégations des deux camps se seraient déjà rencontrées le 6 février, à la veille d'une manifestation des partisans de M. Rajoelina réprimée dans le sang par la garde présidentielle. Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé le conflit entre les deux hommes, dont au moins vingt-huit tuées le 7 février par la garde présidentielle.

LEMONDE.FR avec AFP | 12.02.09 | 11h27 • Mis à jour le 12.02.09 | 14h04

BBC: Madagascar crowds brave cyclone Page last updated at 17:23 GMT, Wednesday, 11 February 2009

Up to 40,000 people have braved a cyclone to gather in Madagascar's capital to show support for President Marc Ravalomanana.

The stadium rally called by the president in Antananarivo was his first such attempt to counter weeks of almost daily opposition demonstrations.

It came a day after a protest organised by his bitter rival, former mayor Andry Rajoelina, drew 5,000 people.

Mr Rajoelina has declared himself president and announced his cabinet.

Talks between the two sides, although not the two leaders, are scheduled, mediated by the United Nations envoy, Haile Menkerios.

The BBC's Christina Corbett in Antananarivo says tens of thousands of demonstrators braved pouring rain bought by Cyclone Gael to gather in the capital's Mamahasina sports arena on Wednesday.

Although the meeting was billed as a peace rally, she says, many of those present had come to show their support for President Ravalomanana.

As music pumped out of loud speakers, a DJ shouted to the crowd: "Who do you support?" The deafening reply was: "Ravalomanana".

Mr Rajoelina's movement had looked like it was gathering momentum once more after the deaths of 28 anti-government protesters on Saturday.

But our correspondent says that a sense of frustration is emerging over the political deadlock that the 34-year-old former mayor has bought to Madagascar.

"I'm here to support the regime. At this rate, we'll all be jobless and Rajoelina isn't going to pay me a salary, is he?," a 43-year-old driver told AFP news agency.

Despite discontent over widespread poverty in the country, our correspondent says many voters would rather wait for presidential elections due in 2011 and let democracy take its course, than be plunged into political turmoil.

Mr Rajoelina accuses Mr Ravalomanana of misspending public money and being a dictator, while the president accuses his rival of troublemaking.

At least 100 people have died since anti-government protests broke out in January.

MADAGASCAR: What went wrong?

ANTANANARIVO, 11 February 2009 (IRIN) - As emotions continue to run high in Madagascar's capital, Antananarivo, many people are asking who is to blame for the political turmoil in which over 100 people have died in anti-government protests organised by opposition leader and former mayor of the capital, Andry Rajoelina.

What was once a peaceful democracy movement has become part of a political struggle which reached a new low when security forces shot dead 28 people outside the presidential offices on 7 February.

"We want change," Henri, a teacher told IRIN at an anti-government demonstration in Antananarivo. "I am here because I believe the government has made mistakes. But change should be democratic - Rajoelina should find another way to show his opinion."

The 7 February tragedy have left many questioning the motives behind leading a crowd of protesters to march on a presidential building guarded by armed soldiers. "There was only ever going to be two outcomes," said Solofo, an eyewitness of the day's events. "Bloodshed or storming the palace."

"There was a time when I supported the democracy movement," Solo, a basketball coach, told IRIN. "But now it has become too extreme."

Promises broken

Since his election as mayor of Antananarivo in December 2007, Rajoelina has set himself up as a vocal opponent of President Marc Ravalomanana, attracting the support of many who had become disillusioned with a government that they feel has failed to address the needs of Madagascar's poorest.

Analysts said Rajoelina's election in itself was a signal to the president that he was becoming increasingly distant from the people who once voted him into power. While a tiny elite in Madagascar has benefited from his liberalisation of the economy, the conditions of the poor have worsened, despite macro-economic growth.

Ravalomanana's economic reforms have attracted foreign investors - after years of economic stagnation and isolation - tempted by the country's oil and mineral wealth. Mining giants such as Rio Tinto have invested billions of dollars in local projects. Canada's Sherritt International Corporation, a natural resource company, is investing $3.4 billion in developing one of the world's biggest nickel mines just east of Antananarivo.

"The economy has shown positive results since 2004. There has been huge increase in foreign investment, especially in the mining sector, and the economy has been showing signs of recovery," Herinjatovo Ramiarison, economics professor at the University of Antananarivo, told IRIN.

"But the negative side of this free market is that it has increased the gap between rich and poor, and I think that is the main cause behind this crisis. Everywhere inequality is a source of political and social frustration and trouble, and it is very easy for people to be led to strike and protest," he commented.

"The government succeeded in implementing economic policy, but failed to implement social policies to counteract the inequality between the poor and rich."

Looking out for number one

The president himself has benefited enormously from Madagascar's economic growth. His success as an entrepreneur in dairy products helped him win the respect of his supporters during his campaign for the presidency in 2001, but people have reportedly become suspicious of overlapping public and private interests, and it has taken little to provoke people to take to the streets of Antananarivo in protest.

Many people also believe there are other, more powerful forces at work behind the opposition leaders. "The violence that we are seeing has the hallmarks of past struggles here," a political analyst and resident of Antananarivo, told IRIN.

"There are political people from the past here – what we call dinosaurs – and maybe some of them are involved in some way. It is difficult to say, but there is a lot of money involved in this anti-government movement, and it is not clear where that money is coming from."

The damage caused when the protests escalated into violence could be long-term. In just a few shorts weeks the work of many years to re-position Madagascar as a safe investment has been set back - by some estimates it could take between six and ten years for the economy to fully recover.

Coming to terms

While Rajoelina's attempt to wrest power from a democratically elected government has been condemned by African Union, Western diplomats, under the auspices of the United Nations, are pushing for dialogue and a focus on addressing the grievances expressed in the demonstrations.

"We call on the authorities, political parties and civil society to find a solution to this crisis through dialogue, with respect of the constitution, and to follow the reforms necessary to respond to calls for more social justice and democracy, and for the good management of public affairs," said a statement released by the European Union on 6 February.

Others have more immediate concerns: "It is easy to forget that it is still the cyclone season here. This is the most difficult time of year for people, and now, in addition to a global economic crisis that is expected to affect Africa severely in 2009, we have a political crisis here in Madagascar," said Ramiarison. "I am worried that we won't be able to avoid a food crisis if they don't find a solution to this situation soon."

It will be hard for Ravalomanana to recover from the bloody events of what the local media have called "Red Saturday", but there is little political alternative to the 59-year-old tycoon. At the age of 34, Rajoelina is viewed by many as too young to be president.

"I am not pro-Ravalomanana," said Solofo, "but he was elected president and we have to let him finish his mandate. The current protests are a warning, but he can change, and if not, he is out in the next elections."

cc/tdm/he

LeMonde.fr: A Madagascar : "Les manifestants ne soutiennent ni le maire, ni le président"

Dans un appel à témoignages lancé par Le Monde.fr, les habitants de Madagascar, Malgaches ou étrangers, dénoncent avec effroi le bain de sang du 7 février, à Antananarivo, et partagent une même méfiance envers le président, Marc Ravalomanana, et le maire de la capitale, Andry Rajoelina, pour sortir de la crise.

* Le maire et le président (anonyme)

Le maire Rajoelina, fin communicateur, a su surfer grâce à son empire médiatique sur le mécontentement général de la population qui vit dans des conditions épouvantables. Ce n'était pas bien compliqué, au vu de la gestion du pays par le président, qui possède le quasi-monopole sur tous les produits alimentaires de base, entre autres. Il a pu s'exprimer alors que l'opposition avait été fermement muselée. Son objectif : prendre le pouvoir. Ses méthodes manquent certes de maturité mais il est prêt à tout. Il faut savoir que le régime en place a la mainmise sur beaucoup de secteurs économiques : transports, BTP, médias, etc. Les Malgaches ne se font aucune illusion sur les desseins du maire mais veulent tout de même la fin du régime en place.

Quant au président, on a vu sa ferme intention de mater le peuple. Sa situation devient délicate. Les instances internationales le lâchent doucement et depuis hier il est devenu indésirable. Il y avait tout de même la volonté de tuer. Pas de tir d'avertissement, au moins quarante morts, pour la plupart des gamins déshérités. Sans commentaire. Depuis c'est censure, zéro nouvelles de province, mais les vieux relents de l'histoire risquent de ressortir : les provinciaux n'aiment pas les dirigeants des hauts plateaux qui massacrent la foule. La population a été traumatisée par les images diffusées sur les quelques médias indépendants, moi aussi. C'était un carnage.

* Des sacrifices pour rien, par Kaila

Il y a quelques semaines j'étais une fervente partisane de TGV [surnom du maire de la capitale, Andry Rajoelina]. Cependant, depuis quelques jours je désapprouve totalement sa conduite et ses actes face à la dégénération de la situation actuelle dans la capitale. Exemple le plus proche, l'envoi au suicide de plusieurs personnes probablement payées pour investir le pseudo-premier ministre de son pseudo-gouvernement. Il est fortement soutenu par les anciens membres du régime de Didier Ratsiraka, ancien président. Preuve d'un total mépris de la démocratie mais seulement utilisation de la population pour arriver à ses fins. De plus, j'ai fortement peur que tout cela n'ait été fait que dans le seul but de détruire la capitale qui actuellement est la plus affectée. Il ne faut pas non plus exagérer le fait que la population malgache soit derrière ce dernier. Seul un nombre peu important de partisans le suivent. Car si la population de Tana [Antananarivo] avait voulu vraiment prendre le palais samedi, elle y serait arrivée et sans effusion de sang. Mais que faut-il faire maintenant pour redresser la situation ? Etablir un directoire militaire peut-être, ou encore éliminer le problème directement à la racine en faisant taire les fous.

* Les manifestants ne sont ni pour Ravalomanana, ni pour Rajoelina, par Pierre-Nicolas Guesdon

Il y a une semaine, "pour le moment on attend" était la réponse aux interrogations de mon entourage. Depuis, la foule a marché sur le palais présidentiel d'Ambotsirohitra. Bilan : des morts par dizaines, des blessés par centaines. Et pourtant la réponse est la même : on attend ! En mission à Fianarantsoa, je n'ai pas vécu les événéments de samedi dans la capitale. 400 km au sud, un rassemblement devant le Magro détruit, une estrade, des musiciens. Les manifestants ne sont ni pour Ravalomanana, ni pour TGV. Ils sont d'ailleurs prompts à dire qu'ils "s'occuperont de l'autre après". Reste à savoir dans quel ordre... Pour le moment, la rue annonce l'arrestation et le passage à tabac du leader TIM local [le parti du président].

Retour à Tana hier. Les barrages se sont multipliés sur la route, qui n'est pourtant pas bloquée. A Tana, chauffeurs de taxi, classe supérieure, collègues de travail : tous craignent que l'on s'enfonce dans la crise. Les jours précédents, l'affaire Daewoo, l'avion présidentiel, la fermeture de Viva étaient les critiques du pouvoir les plus souvent citées. Aujourd'hui, l'on se demande comment Ravalomanana peut s'en sortir après les morts de samedi. Dans le même temps, les critiques contre TGV fusent parfois : il aurait "envoyé des gamins à la mort". Au final, les gens sont contre Ravalomanana sans oser soutenir TGV, bref, on attend !

* Tananarive sous tension, par Marie Fani

Depuis à peine un mois, je travaille en tant qu'infirmière auprès des enfants de la rue de Tana ; les premières manifestations étaient joyeuses. Le peuple malgache était plein d'espoir, confiant dans son jeune leader, le maire de Tananarive. Il est descendu dans la rue pour dire stop aux dépenses provocatrices de leur président, stop à la trop grande misère. Peu à peu avec les premiers affrontements et les pillages qui ont fait de nombreuses victimes, l'inquiétude peut se lire sur les visages, on craint que les réserves de riz diminuent, l'huile et l'essence augmentent, etc. Samedi dernier, ce fut un massacre ; le maire a envoyé le peuple à la boucherie ; les gardes du gouvernement ont tiré sans sommation sur des jeunes gens aux mains nues qui disaient juste leur désespoir de ne jamais voir un jour leur pays sortir de la misère ; la liste des morts est longue... ils ont tous moins de 30 ans, le plus jeune avait 8 ans.

Hier, journée de deuil, sans heurts dans le recueillement et le chagrin ; depuis rien ne va plus... les rues se sont vidées. Les bureaux ferment très tôt. Le couvre-feu débute à 20 heures jusqu'à 6 heures du matin ; les négociations ont l'air de piétiner... Il semble que le bras de fer entre ces deux hommes de même classe sociale n'a pas d'issue ; et pourtant ici chacun voudrait sortir de l'impasse qui ralentit les activités et accentue la misère ; les Malgaches malgré toutes ces injustices restent souriants et gardent leur légendaire gentillesse.

* J'ai vu des gens se faire tirer dans le dos alors qu'ils fuyaient, par Mic

J'étais pile poil en face de la présidence quand les premiers coups de feux ont été tirés. Je n'en mène pas large. J'ai fait quelques clichés, bien entendu, et deux vidéos. Sur la première, j'étais dos à la présidence et l'on voit le cordon de police laisser passer les manifestants. Des gens simples, presque des "4 amis" comme on dit ici. Puis la foule arrive vers moi, je me retrouve au milieu et là... Une grenade pour faire peur et les premier tirs. Début de la deuxième vidéo. Je me mets à terre, je continue à filmer. A ma gauche une balle sur le sol, un gamin touché, derrière un jeune qui se couche à 50 cm de moi et qui est touché. Un massacre. J'ose relever un peu ma caméra et l'on voit les gens qui courent pour se mettre à l'abri et les coups de feu qui se poursuivent et qui tuent encore ou blessent mortellement. A ma gauche, un journaliste de l'AFP, de l'autre côté de la rue, à l'abri qui prend des photos, me shoote et me regarde blanc, livide... Il me demande si ça va et je lève mon pouce pour lui dire que pour l'instant ça va. Les tirs se poursuivent. Je n'ai pas entendu de sommation, j'ai vu des gens se faire tirer dans le dos alors qu'ils fuyaient. Un peu de répit, les coups de feu cessent. Je me relève et là spectacle de désolation, scène de guerre. Je prends machinalement des photos des corps allongés sur le sol, dans leur bain de sang. Un Malgache d'une quarantaine d'années m'interpelle et me demande : "Où est RFI ? Il faut que RFI voit ça."

* Entre colère et incompréhension, par A B

Je vis à Tana depuis déjà un certain temps. Les événements de ces dernières semaines et plus particulièrement de samedi me glacent le dos. Nous pensions une telle situation inimaginable à Tana. Etant française et donc pas chez nous, nous devons rester neutre dans ce conflit. Depuis des années, nous avons vu l'économie malgache se développer, le tourisme décoller, des projets se mettre en place, des hôtels en construction, la ville changée... même si la vie des Malgaches n'était pas toujours facile tous les jours. Certains vivant dans des conditions de pauvreté extrême. Mais il existait un espoir pour le développement de ce pays qui propose des richesses et des possibilités étonnantes. En quelques semaines, tout est anéanti...

Nous, étrangers, nous restons chez nous avec les enfants (les écoles étant fermées) en attendant... On attend une issue à cette crise qui dure. On espère un retour à la vie normale qui passerait par un dialogue entre les deux parties. Le plus déroutant, c'est que chaque week-end, les manifestations sont de plus en plus violentes et meurtrières ! Et la semaine, la vie reprend presque son cours normal : les gens vont travailler, les entreprises essayent de fonctionner, on circule presque normalement en évitant soigneusement les zones à risque. Nous vivons accrochés à nos ordinateurs et à nos téléphones portables, guettant la moindre information sur l'évolution de la situation ; tout en sachant que certaines informations sont pure intox !

* Cette crise est montée de toutes pièces, par Ludovic Masson

Je suis actuellement résident à Tananarive, Madagascar. Evidemment au jour le jour, nous subissons les répercussions de cette crise, soit dit en passant, montée de toutes pièces.

Après que toutes les grandes enseignes furent brûlées et l'un des principal grossiste de Madagascar incendié, il est clair qu'on assiste à de la spéculation en règle... et le marché noir se fait de plus en plus présent. Les rares grandes enseignes encore ouvertes en profitent pour revoir leurs prix à la hausse pratiquement tous les jours. Sur les marchés locaux, le prix de toutes les denrées de premières nécessité, l'huile, les légumes ne cesse de grimper. Une bouteille d'huile coûtait 4 000 Ar (1,50 €) le litre. Maintenant on la trouve à 10 000 Ar et cela va encore augmenter.

Mais la vie économique est aussi chamboulée... Le matin quand vous vous levez, vous ne savez pas si les travailleurs vont pouvoir travailler (perturbations des transports en commun) ou si vous allez pouvoir travailler (avec les appels incessants à la grève d'un côté et au travail de l'autre), plus personne ne sait à quel saint se vouer. Et en ce moment tout le territoire vit sous le régime du couvre-feu commençant à 20 heures jusqu'à 5 heures du matin.

Enfin, et c'est récurrent dans les situations de crise comme celle-ci, les rumeurs se font fréquentes et se propagent à la vitesse de la lumière. D'ailleurs les médias ne communiquent que très peu sur les événements. Si ce n'est les médias partisans.

* Rideaux de fer baissés, par Suzie Guth

Le zoma, ce grand marché mythique d'Antananarivo donne le ton de la journée. Si les marchands et les étalages sont nombreux la journée sera bonne, s'il est clairsemé et peu fréquenté, les manifestations sont à craindre. Plus haut, près des hôtels prestigieux, le Colbert, le Louvre, les commerces ont tiré le rideau de fer et restent prudemment fermés. Avec le couvre-feu du soir, la vie s'est arrêtée, les restaurants ferment, seuls le Colbert et le Louvre restent ouverts. Ainsi la ville prend des allures fantomatiques et les rumeurs vont bon train, ne disait-on pas que l'eau était empoisonnée, soudain un collègue arrive pour dire : il faut rentrer il y a une contre-manifestation, j'obtempère mais la contre-manifestation n'aura pas lieu. Une collègue me dit que dans la zone franche on a cousu des uniformes pour les mercenaires que le président en exercice aurait ramenés d'Afrique du Sud, ce sont des Congolais. J'ai du mal à croire qu'il faille aller en Afrique du Sud pour revenir avec des mercenaires d'Afrique centrale, mais au fait ne disait-on pas la même chose du président Lissouba (Congo-Brazzaville) ? Et, c'était vrai, il avait ramené des instructeurs pour ses milices d'Afrique du Sud.

* Pillages, carnage, bain de sang : démocratie ou anarchie ?, par Claude Villiers

Samedi 7 février, la situation a tourné au drame dans la capitale malgache. Etant de passage du côté d'Antaninarenina pour des raisons personnelles, j'ai été, sans l'avoir souhaité, témoin de ce qu'on peut qualifier de carnage, de bain de sang, de massacres. Les partisans du maire étaient regroupés sur le jardin d'Antaninarenina. Environ 250 mètres et deux barrages de police les séparaient du palais d'Ambohitsirohitra.

Des négociations s'engagent avec les éléments de la force de l'ordre présents sur les lieux. Ces derniers ont prévenu que ce sont les éléments de la garde présidentielle postés à l'intérieur même du palais dont il faut se méfier car ils vont faire feu si la foule se rapprochait encore plus. A partir de ce moment, tout s'accélère. La délégation se retire. La foule devient incontrôlable et elle a déjà forcé le premier barrage de police. C'est à ce moment qu'une détonation se fait entendre suivie de rafales d'armes automatiques. Je me suis mis à courir. En me retournant, j'ai vu plusieurs blessés, d'autres n'ont pas eu autant de chance. Les tirs ont cessé. Plusieurs personnes, manifestants et journalistes, étrangers et nationaux essayaient d'aider les blessés. Environs quinze personnes sont mortes. C'est à ce moment que les tirs reprennent. Je me suis un peu écarté de la zone d'action et de là, j'ai vu plusieurs personnes allongées par terre et couvertes de sang. On ne savait plus si elles étaient mortes ou simplement blessées.

LEMONDE.FR | 10.02.09 | 13h41 • Mis à jour le 11.02.09 | 09h14

Le PDS et le Maire se sont rencontré à Tsimbazaza

Le PDS Guy Rivo Randrianarisoa mis en place par l’Etat malagasy et le Maire par intérim Michèle Ratsivalaka, désigné par Andry Rajoelina se sont rencontré ce matin à Tsimbazaza.

D’après Ratsivalaka, elle était présente en tant que Maire par intérim. Actuellement, une requête a été déposée par son côté au niveau du conseil d’Etat pour l’annulation du décret qui a mis en place le PDS.

Du côté du PDS, le Préfet de police a rappelé l’arrêté qui a mis en place le PDS. Jusqu’à maintenant, aucune décision du tribunal n’a été sortie quand au sursis d’exécution ou de l’annulation de cet arrêté donc le PDS est en légalité.

Les deux côtés attendent la décision du conseil d’Etat. Chacun des parties est en droit de donner des ordres aux employés de la commune, des ordres pour le bien de la population et non pour la destruction de la commune selon le PDS.

Info Régions du 12/02/09

ANALAMANGA

Le digue d'irrigation d' Antanety Kely d' ATSIMONDRANO a cédé la nuit du 11/02/09 ; RESULTAT : La route est coupée

- Districts calmes
- Les gardiens des barrages thermiques de TELOMITA , MANDRAKA et MANTASOA manquent de provisions.

BOENY

- Calme en général
- Le corps de Bien Aimé a été enterré hier, on a fait passer le corps à la pace de la « jeunesse et sport », à peu près 150 personnes y étaient venues.
- La région, quelques organes et opérateurs locales ont commencé sur place le lancement de reboisement officiel aujourd'hui.
- Quelques autorités et plus de 400 Personnes étaient présentes à ce reboisement.

AMORON'I MANIA

- Assez calme en général.
- Etudiants et travailleurs continuent leurs activités normalement.
- Les opposants incitent les gens à participer à leur manifestation pour demain
- Les opposants ont érigé des barrages, ils ont interdit aux transporteurs de travailler.
- La région qui travaille conjointement avec le EMMO/NAT ont aboli les barrages érigés par les opposants.
- La TVM et la RNM sont déjà fonctionnelles depuis 3 jours.


ALAOTRA MANGORO - HAUTE MATSIATRA : R.A.S

ATSIMO ATSINANANA - VATOVAVY FITOVINANY :

- Suite au rassemblement fait à Mahamasina que la TVM a d'ailleurs diffusé sur ses antennes régionales, la population et les autorités locales ont retrouvé leur courage, par conséquent même les opposants qui avaient l'intention de faire une manifestation n'ont pas pu le faire.

ATSIMO ANDREFANA

- les manifestations persistent mais le nombre des manifestants diminue progressivement.
- Les opposants de Toliara font des menaces de mort à l'endroit des responsables de la RNM et de la TVM, la cause de ces menaces de mort d'après les opposants (d'après eux) est que ces stations ne diffusent que les informations venant du pouvoir.
- Le but des opposants actuellement est de s'emparer des bureaux de la Région et la Mairie: ils veulent créer un petit Etat dans l'Etat.

ANOSY, ANDROY, IHOROMBE, ITASY, SAVA, SOFIA : R.A.S

BETSIBOKA
Le Chef de Région demande quand ils peuvent commencer le HIMO dans leur région.

Rencontre entre le Président malgache et M. Amara Essy



Le Président de la République, Marc Ravalomanana, a reçu, dans la matinée de ce jeudi 12 février 2009, l’ancien Président intérimaire de la Commission de l’Union Africaine à Madagascar, Monsieur Amara Essy.

Selon cette personnalité de l’Union africaine, « la situation qui prévaut à Madagascar ne laisse pas indifférents le Président de la Commission de l’Union africaine, Monsieur Jean Ping et le Président de l’Union africaine, Le Guide, Mouammar El-Kadhafi ». Et pour cette raison, il a été « dépêché comme envoyé pour faire une évaluation de la situation et voir ce que l’Union Africaine peut apporter pour aider les Malgaches», et pour tenir, par la suite, un rapport auprès des dirigeants de l’organisation.

Mais d’ores et déjà, Monsieur Amara Essy a affirmé qu’il s’agit en premier lieu d’un « conflit interne entre un Président élu et son opposant », et que « il appartient aux Malgaches de régler un problème interne ». Comme il devait le préciser, « nous sommes venus pour écouter les uns et les autres(…) Nous sommes là pour les assister et voir comment on peut faire pour aider les uns et les autres», pour que « le fihavanana puisse prévaloir et qu’on puisse trouver la solution à ce conflit ».

Car, en effet, selon Monsieur Amara Essy, « Madagascar a joué un rôle important au sein de l’Union africaine », raison pour laquelle l’accueil du prochain Sommet devra lui a été attribué. Monsieur Amara Essy a également rappelé le message du Guide Kadhafi au peuple malgache selon lequel il s’agit actuellement d’un problème intérieur, et comme « le prochain Sommet de l’Union Africaine aura lieu à Madagascar, il faut que les Malgaches prennent ceci en considération ». Ceci d’autant plus que, selon son émissaire, l’Union africaine dispose dans son Acte Constitutif de certaines conditions et d’un ensemble de mesures applicables que sont :
- la non reconnaissance d’un changement anti-constitutionnel
- la possibilité de l’Union africaine d’intervenir au sein des Etats membres en cas de crises graves et éventuellement de procéder à une prise de sanctions dans certaines circonstances comme la rupture ou le gel des relations diplomatiques.

Le Président de la République, Marc Ravalomanana, a ensuite reçu l’Assistant du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Haile Menkerios, venu lui faire ses adieux. Se félicitant de sa mission en terre malgache, cet émissaire de Monsieur Ban Ki Moon a, à son tour, réitéré « le processus interne » inhérent à la crise politique actuelle et qui « inclut tout le monde », selon ses termes.

Le Secrétariat à la Communication

La COI rencontre le Président de la République

Le Président de la République, Marc Ravalomanana, a reçu en début de soirée, au Palais d’Etat d’Iavoloha, une délégation de la Commission de l’Océan Indien (COI) conduite par le Président en exercice, Sultan Chouzour, et le Secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet. Cette délégation comprend des représentants des 5 Etats membres de la COI.

Selon le Ministre Joyandet, à la sortie de cette rencontre, la mission de la délégation à Madagascar est « une mission d’évaluation ». « Notre message est clair : l’ordre constitutionnel et le refus de violences, et aussi l’appel au dialogue », selon ce responsable français. Il a invité les parties à ne pas prendre des initiatives à même de relancer la violence.

Le Secrétariat à la Communication
source: Présidence de la République de Madagascar - 11/02/2009

Manifestation pro Ravalomanana 11 Février 2009


Le stade de Mahamasina a accueilli plus de 40 000 personnes (outre le service d’ordre) pour la manifestation pro – Ravalomanana entre 11h et 14h (la capacité du stade est de 30.000 personnes). A l’extérieur du stade, une foule qui ne pouvait pas entrer était amassée sous la pluie. Des membres du gouvernement, dirigé par le Premier Ministre, ont été aperçus sous les tribunes.



Un culte a ouvert la manifestation. Une minute de silence a été observée pour les « victimes ». Durant les animations, la foule présente scandait « arrêtez TGV – arrêtez TGV».

Le Président du Sénat Yvan RANDRIASANDRATRINIONY a lu un message du Président de la République




TRADUCTION LIBRE DU MESSAGE:
….Je vous remercie pour l’amour que vous me porter en venant aussi nombreux. Pour moi, c’est la preuve de votre confiance et de votre soutien.

Merci pour votre soutien pacifique, pour votre comportement louable, qui me va droit au cœur.
Merci, car la pluie ne vous a pas empêché de venir, c’est une bénédiction pour nous.

Ceci est la preuve que le peuple malgache est uni, que le peuple malgache se mobilise ensemble, que le peuple malgache s’aime.

Je vous promets que je ne vous laisserai pas seul, que je ferai tout pour développer notre pays bien aimé. Je vous promets que je vais observer la constitution, que je respecterai toujours et exécuterai les responsabilités que vous m’aviez confiées.


La priorité et le plus important maintenant est la reprise de la vie quotidienne de la population, la restauration des dégâts et le soutien aux forces de l’ordre et militaires pour le rétablissement de l’ordre et de la paix dans notre capitale bien aimée.

Merci pour la confiance, merci, vous êtes les gardiens de la sagesse.
Nous sommes une grande famille, inséparable, unie par une même langue.

Respectez le FIHAVANANA et notre solidarité nationale…
QUE DIEU NOUS BENISSE.

Viendra (enfin) le temps de la Refondation !

Soyons sérieux et lucides : après le temps de la dispute viendra le temps du retour au travail… et, comme vient de le dire sur RFI l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, « viendra le temps de la bonne gouvernance » ! Plus généralement, à la « lumière » de ce qui vient de se passer, viendra le temps de la Refondation.

La Refondation de la nation malagasy se fera autour de ses vraies valeurs, celles de la solidarité, de la non-violence et du dialogue entre tous. Ces vraies valeurs ancestrales qui sont tellement différentes de ces « valeurs » meurtrières et tellement cyniques que sont la cleptocratie, l’ultralibéralisme appliqué à une économie fragile… et pour tout dire, depuis des décennies le pillage (des terres, des entreprises, des mines…) organisé au profit de… (je vous laisse le soin de poursuivre par vous-même la phrase car ils sont si nombreux !).

La Refondation de notre économie, mérite notre mobilisation. Car autant, pour quelques personnes téléguidées (et leurs donneurs d’ordre), il est facile de brûler les outils de production (entreprises, commerces…), autant il n’est pas aisé de (re)construire une vraie économie où la vraie liberté est laissée aux vrais entrepreneurs. C’est-à-dire ceux qui chaque jour se battent contre les corrompus, les affairistes et ces oisifs qui se nomment pompeusement « opérateurs économiques » et qui ne sont en fait que des « suceurs de sang » et des affameurs (plus de la moitié de la population malgache vit avec moins de 2 euros par jour).

La Refondation de notre société, enfin. Est-il digne aujourd’hui de n’avoir pour seule perspective que l’angoisse du lendemain dans un pays qui pourrait être largement le « grenier à riz » de la grande région du sud-ouest de l’océan Indien ? Les jeunes, les intellectuels et autres diplômés, porteurs d’un vrai savoir-faire qui ne peut s’exprimer, doivent prendre toute leur part dans la (re)construction de l’édifice national.

Devrait-on s’excuser d’être cultivé, diplômé ou ouvert sur l’extérieur ? Pourquoi n’y a-t-il pas de perspective ? Pourquoi ceux qui ont dirigé ce pays depuis des décennies ont-ils brimé les talents… ces talents qui, de guerre lasse, s’en sont allés à l’extérieur ?

Oui, le temps est venu de la Refondation, de cette Troisième voie qui conduira un Peuple majeur, le nôtre, ailleurs que vers le mur !

Oui, diriger un pays nécessite un minimum de talent, de formation et de savoir-faire ! C’est vrai dans tous les grands pays. Et Madagascar est un grand pays. Alors mettons-nous aux normes ! Ce n’est quand même pas une insulte que de demander pour notre Grande île des dirigeants intelligents, cultivés et lettrés. Et Dieu sait que Madagascar ne manque pas de ces personnes de talent !

Mais refonder notre nation signifie en premier lieu qu’il faut nous accorder sur le sens que nous souhaitons donner à notre Destin. Et cela ne peut se construire que dans le consensus, le Fihavanana que j’évoquais dans mon précédent éditorial.

Et, de mon point de vue, les bâtisseurs de cet Ordre nouveau et fraternel doivent être des Sages, des personnes d’expérience et même des érudits (n’en déplaise à ceux qui ne supportent pas les élites cultivées que l’on sait nombreuses dans notre Pays !).

A nous de trouver le meilleur moyen d’aller vers cette Refondation. A nous, d’emprunter ces voies ténues de l’écoute de l’autre (pas n’importe qui, évidemment – suivez mon regard !), de la construction et de la prospérité.

Je sais qu’il est incongru, voire superflu, aujourd’hui de parler de tout cela. Mes amis me disent souvent que l’essentiel pour la quasi-totalité de la population malagasy est de trouver, pour le lendemain, de quoi remplir son assiette de riz et de brèdes. Mais ne peut-on se poser quelques instants, dans ce chaos, afin de nous entendre sur le sens de notre vie ?

Nous savons tous, alors que les crises financières, économiques et sociales risquent d’emporter les économies occidentales, que le reste du monde a autre chose à faire que de se pencher sur le sort de tel ou tel pays.

Nous savons évidemment « qu’il ne faut compter sur ses propres forces », comme le disait le président Mao. Nous savons que nous sommes isolés, dans tous les sens du terme. Alors… viendra le temps de la Refondation… si nous le voulons bien !

Cela étant, à l’heure où nous allons nous séparer momentanément, recueillons-nous un instant, chères lectrices et chers lecteurs, et pensons à celles et ceux qui, au cours de ces dernières semaines, ont payé de leur vie la bêtise des Hommes. Bon week end !

Patrick R.
 
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