La ville d’Antananarivo a été secouée par des actes de terreurs de la nuit de samedi à dimanche. Une bande armée a attaqué le siège de VIVA à Ambodivona dans la matinée de dimanche tuant deux agents de sécurité, une voiture a explosé du côté d’Ambohibao dans la nuit de samedi, une personne y a trouvé la mort, une autre blessée d’après les informations de la gendarmerie qui a déclaré que les personnes en question avaient transportées des bombes. Le chef d’enquête de la gendarmerie a annoncé au cours d’une conférence de presse que tout sera fait pour éradiquer ces actes. Cinq personnes sont suspectées et le Colonel Richard Ravalomanana de déclarer que même s’il ne fait pas de la politique, ces actes sont des actes politiques ou du moins liés à la situation politique actuelle du pays. Personne n’en douterait vu les cibles de ces actes, la station de Rajoelina, des camps militaires et de la gendarmerie (selon le rapport effectué par les forces de l’ordre à la presse).
Même si elles ne le disent pas franchement, les forces de l’ordre ont déjà leur coupable tout désigné : les légalistes (ceux qui réclament le retour de la légalité, de l’ordre constitutionnel et de Marc Ravalomanana). Dans ses déclarations, le Colonel de la gendarmerie a annoncé que l’homme blessé a déclaré qu’il assistait à la réunion au Magro (fief du rassemblement des légalistes), que les actes avaient des similitudes avec les affaires de pose de bombe des dernières semaines (au cours des quelles affaires les poseurs de bombe étaient cité en tant que légalistes) et les explications même arrangées et (presque) détournées reviennent toujours sur le même objectif, dire que ces actes ont été commis par les partisans de la légalité.
Manipulation
Pourquoi ? Dans quel but ?
Le Colonel a aussi une réponse, lui de dire, de sa manière de dire les choses, que tout le monde sait quel est l’évènement qui va se passer cette semaine, donc….
Pour faire direct (ceci n’est pas un secret d’instruction), mercredi aura lieu une rencontre organisée par le groupe de contact international à Addis Abeba avec les quatre mouvances (apparemment seuls trois vont y participer, le clan Zafy Albert venant d’annoncer publiquement qu’il n’y participerait pas). Une réunion qui veut démêler l’affaire politique actuelle.
Une solution pourrait y être trouvée (croisons les doigts), et si c’était le cas, quel serait le but des actes de terreurs et la plus grande des questions est à qui profitera ces actes ?
Si l’on revient sur ces actes de terreurs, on peut remarquer qu’à chaque fois, ils surviennent quand de grands évènements vont avoir lieu. Des bombes ont été trouvées avant les fêtes de l’indépendance : une a explosée le 16 juin au leader Price, une découverte dans une poubelle à Mahamasina le 26 juin. Et maintenant, ces actes perpétrés à l’aube de la rencontre d’Addis Abeba.
Coïncidence ? Qui y croirait. Tout démontre que ces actes ont été murement préparés et ciblés.
Pour les pros – HAT, ces actes sont pour terroriser la population et déstabiliser la HAT, pour les pros – légalité, ils sont pour donner à la HAT des raisons pour mettre fin aux rassemblements et mobilisation légalistes (qui malgré les menaces, les répressions violentes et les arrestations ont tenu bon et ont continué). Si les légalistes peuvent en effet être accusés de ces actes, une manipulation de leur adversaire peut également être pensée. La manipulation étant un des moyens favoris de la politique.
Spéculons un peu sur la situation : les légalistes durant les premières affaires de bombe ont été « dérangés ». Parce que les « poseurs de bombe » ont déclaré (à la gendarmerie) qu’ils étaient des légalistes, le lien était clair pour les forces de l’ordre, Magro y est pour quelques choses. Des leaders légalistes ont été arrêtés, interrogés, déférés au parquet, bilan : ils ont été relâchés. Dimanche dans la soirée, des militaires ont fait une descente au Magro et après avoir terroriser les agents de sécurité ont ratissé les lieux pour y rechercher les fameuses bombes et armes des légalistes. Bilan : les armes ont été relevées (des banderoles) et les bombes confisquées (les portraits de Ravalomanana). Les légalistes ont toujours soutenu que leurs armes dans cette lutte sont la Bible et leur « grande bouche ». Du côté des pros – HAT, aucune enquête, aucun doute, nada. Le circuit des forces de l’ordre se basant à chaque fois sur les seules déclarations des personnes arrêtées, pourquoi en effet inquiéter les autres.
Qui aura le plus à perdre de ces évènements ?
Cette fois encore, les accusations se tournent vers les légalistes.
Spéculons encore : S’ils ont commis les actes, ce serait dans quel but ? Le mouvement sera arrêté, les efforts effectués au niveau international paralysées (les légalistes ayant acquis jusqu’ici des bons points sur la réaction de la communauté internationale), le mouvement n’aura plus lieu d’exister.
Leur adversaire aurait au contraire tout à gagner. Poursuivons toujours dans les spéculations, si ces actes étaient perpétrés par les adversaires des légalistes pour leur faire porter la responsabilité, ces adversaires gagneront l’interdiction du mouvement légaliste, des raisons pour justifier leur maintien au pouvoir et gagner du temps pour se blanchir sur le plan international.
Les évènements du week – end ont chamboulé la vie de la population d’Antananarivo. En parallèle, les esprits se demandent sur leurs effets sur la situation politique. Serein, les légalistes ont annoncé qu’ils vont poursuivre leur manifestation.