mardi 3 février 2009

Un PDS (Président de Délégation Spéciale) a été installé à la tête de la commune urbaine d'Antananarivo.

La décision a été prise ce matin. Guy Rivo Randrianarisoa, ancien haut responsable de la commune, a pris son poste vers 15h par voie d'ordonnance. Il était chef de mission économique auprès de l'ambassade de Madagascar en France avant d'être désigné en 2004 secrétaire général de la commune d'antananarivo. Il a occupé ce poste au temps du maire Patrick Ramiaramanana et du PDS Hery Rafalimanana. Depuis l'éléction du maire Rajoelina, il avait tenu le rôle de conseiller spécial avant d'être désigné Directeur Général de la Décentralisation.

Le PDS aura comme responsabilité d'assurer la marche de la machine administrative et la gestion de la commune. D'après la loi, le PDS occupe le poste au minimum 60 jours. Il est entouré de Edouard Razafimanantena (ancien adjoint au maire de la commune d'Antananarivo) et de Patrick Razakamananifidiny (Secrétaire Général du Ministère de l'énergie et des mines). Le nouveau PDS n'a pas maintenu le Conseiller Municipal.

Après l'installation du PDS, Andry Rajoelina a été entendu sur RFI déclarant qu'il va contester cette décision. (voir article AFP dans la revue de presse).

L'approvisionnement en hydrocarbure

Le Ministre de l’Energie a déclaré ce matin que l'approvisionnement en hydrocarbure est assurée. Il existe encore des stocks pour ravitailler toutes les régions. Un bateau arrivera avec d'autres quantités.

Jirama

La JIRAMA confirme que les personnes ayant brandi des banderoles au nom de la JIRAMA sur la place du 13 mai ne sont pas des représentants des syndicats.

Ces usurpateurs seront dénoncés. Il y a actuellement 11 syndicats au sein de la JIRAMA. (11h30)

Le Ministre de la Santé Paul Richard Ralainirina a visité l'hôpital de Befelatanana hier, lundi 2 février.

Il a constaté que les travaux de réhabilitation progressent rapidement, et que de nombreuses réparations ont déjà été effectuées.

Communiqué de presse du Ministère de l'Education Nationale:

Suite à l'appel à la Nation de Son Excellence Monsieur le Président de la République de Madagascar, relayé par Madame la Ministre de l'Education Nationale, les 2 402 établissements scolaires publics touchés par les cyclones ou les événements récents (9% du nombre total) ont repris leurs activités pédagogiques ce lundi 2 février 2009. Tous les autres établissements publics ont continué normalement leurs activités.

Les journées de classe perdues seront rattrapées d'ici la fin du mois de février selon un calendrier flexible proposé par le Ministère et ajusté par chaque Circonscription Scolaire.

Communiqué de la Commission de l'Ocean Indien sur la situation à Madagascar - 03 Février 2009

Les Etats membres de la Commission de l’Océan Indien (COI) suivent avec une vive inquiétude la crise qui sévit actuellement à Madagascar.

Ils appellent les partis concernés au dialogue et à la retenue en vue de trouver une issue pacifique à la crise dans le respect de la légalité.

Attachés à des liens d’amitié, de solidarité et de proximité avec Madagascar, ils offrent leurs bons offices dans la recherche d’une solution à la crise.

Ils estiment, qu’en ce moment difficile, ils se doivent être aux côtés du peuple Malgache pour aider à assurer la paix et la stabilité sociale et politique du pays.

Informations Nosy Be du lundi 2 février 2009

« Le meeting de l'opposition censée être une séance d'information devant la cour de Hell a réuni une cinquantaine de personnes seulement. Toutes les écoles étaient ouvertes matin et après midi, même les enfants de bas âge étaient à l'école. Tout le secteur privé s’est remis au travail. Toutes les administrations étaient ouvertes, ou en service minimum ou service restreint (portes à demi ouvertes + présence policière ou armée Trésor Public)

L’impression générale est que les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes.

Mesures et actions entreprises par Chef District et le Coordinateur de projets d'investissement et des coopérations décentralisées de la région Diana :

- Couvre feu
- Dialogue avec le représentant local de l'opposition M. Atom Sileny ce matin à 11h, pour leur rappeler leur responsabilité pécuniaire et pénale en cas de casse, et de la prise de responsabilité des forces de l’ordre
- Signature par les opposants d'une décharge ou d’un engagement à chaque meeting en ce sens
- Attroupements en périphérie de ville et non en centre ville : ils ont accepté aujourd'hui
- Privilégier le dialogue à chaque action

AFP: “Madagascar: le maire de la capitale destitué par le gouvernement”

Le maire d'Antananarivo Andry Rajoelina, engagé dans un bras de fer avec le régime malgache, a été destitué mardi de ses fonctions par le ministère de l'Intérieur qui a nommé un administrateur provisoire, a annoncé le préfet d'Antananarivo, Edmond Rakotomavo.

"Il y a eu un arrêté pris par le ministère de l'Intérieur qui remplace la direction de la capitale par une délégation spéciale", a annoncé le préfet à la presse à la mairie.

"On a voulu notifier (la décision) au maire mais il n'était pas là. Il a fallu prendre une ordonnance pour que les membres de la délégation spéciale puissent entrer dans les bureaux", ajouté M. Rakotomavo.

Les raisons précises de cette décision n'ont pas été fournies par le préfet, qui a simplement expliqué qu'il y avait eu "des manquements dans la conduite de la mission de la commune, par exemple en ce qui concerne la gestion des ordures".

Le nouvel administrateur de la capitale, le "président de délégation spéciale", Guy Randrianarisoa, a déjà occupé les fonctions de secrétaire général de la mairie d'Antananarivo, puis été conseiller spécial de M. Rajoelina pendant les cinq mois ayant suivi son élection en décembre 2007.

"Moi je ne fais pas de politique. Je ne suis pas TIM (ndlr: le parti présidentiel J'aime Madagascar), je ne suis rien du tout, j'ai été nommé simplement pour gérer", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Je suis là pour que la population d'Antananarivo se tienne à nouveau la main, pour avancer (...) et faire de notre ville un phare et non plus ce qu'on a vu la semaine dernière", a-t-il ajouté.

Plus tôt mardi, le maire avait annoncé à plusieurs milliers de ses partisans son intention de proclamer samedi la liste de son "gouvernement" de transition à Antananarivo.

"J'annoncerai le nouveau gouvernement samedi", a déclaré M. Rajoelina à quelques milliers de partisans réunis sur la place du 13 mai, lieu historique de la contestation politique malgache.

Le maire s'est proclamé samedi à la tête des affaires du pays. Il a déposé lundi une demande officielle de destitution du président de la République Marc Ravalomanana qui avait réaffirmé samedi qu'il demeurait le chef de l'Etat.

Les deux derniers rassemblements du maire, lundi et mardi, n'ont pas été aussi suivis que les précédents, laissant entrevoir un possible essoufflement du mouvement.

La semaine dernière, un rassemblement appelé par le maire contre le régime avait dégénéré en émeutes et pillages qui ont fait 68 morts dans le pays, selon la gendarmerie.

http://fr.news.yahoo.com

AFP : Madagascar : L'opposition s'essouffle

L'opposition semble s'essouffler à Madagascar. Deux jours après s'être lui-même proclamé aux commandes du pays, le chef de l'opposition et maire de la capitale, Andry Rajoelina, a de nouveau demandé, lundi, au président Marc Ravalomanana de quitter le pouvoir.

Devant une foule d'environ 3000 sympathisants, réunis devant l'hôtel de ville d'Antananarivo, M. Rajoelina a appelé le chef de l'État à démissionner. Son discours était toutefois beaucoup moins radical que samedi, la foule beaucoup moins nombreuse, et son appel à la grève générale n'a pas été suivi.

Rajoelina a déclaré qu'il avait l'intention de contester la légitimité du président devant les tribunaux et le Parlement.

Plus tôt, l'Union africaine (UA) avait lancé une mise en garde au maire d'Antananarivo et chef de l'opposition malgache. Les règles de l'Union africaine interdisent les coups d'État. L'organisation a appelé le peuple malgache au calme et au dialogue, et l'a invité à régler ses problèmes par la négociation.

L'UA faisait référence aux déclarations de samedi, alors qu'Andry Rajoelina affirmait devant des partisans qu'il prenait en charge les affaires de Madagascar.

Le président Marc Ravalomanana a démenti que son rival dirigeait désormais le pays et a assuré qu'il était toujours aux commandes.

Lundi, la France a jugé qu'il était « impératif de respecter la légalité et l'ordre constitutionnel » et a lancé un appel au dialogue politique.

Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la France s'est dite « disponible pour favoriser la recherche d'une solution pacifique et durable à la crise si les Malgaches le jugeaient utile et en exprimaient le souhait ».

La semaine dernière, plusieurs établissements scolaires ont été fermés en raison des pillages, à l'issue du grand rassemblement du 26 janvier convoqué par le maire pour manifester contre le régime. Ces violences ont fait au moins 68 morts dans le pays, selon la gendarmerie.

http://qc.news.yahoo.com

NY Times : “A Mayor Who Thought He Could Just Claim the Presidency Learns a Quick Lesson”

By BARRY BEARAK
Published: February 2, 2009

ANTANANARIVO, Madagascar — Mayor Andry Rajoelina, who over the weekend claimed he was now running this island nation, had a disappointing first Monday in “power”: the ministries he ordered closed remained open; the civil servants he told to stay home went to work; even the children he allowed to skip school studied at their desks.

All in all, the young mayor of this capital seemed to have seriously overplayed his hand by declaring that with the support of God and the people, he was replacing President Marc Ravalomanana as the country’s leader.

By day’s end, his strategy had undergone significant revisions and he was dispatching aides to the nation’s constitutional court with papers asking for the impeachment of the twice-elected president. This would be a far lengthier procedure than the immediate substitution he had in mind, requiring an unlikely two-thirds vote of a legislature still dominated by his rival.

“I know people are in a hurry, but we can’t force things to happen,” said Mr. Rajoelina, a populist firebrand, standing in the gated driveway that runs alongside the white columns of his colonial-style house. “We will try the legal channels.”

And so ended a turbulent week of Malagasy politics, as bizarre as some of the giant jumping rats and ring-eyed lemurs that inhabit this biological wonderland, and as brutal as the 100 or so bodies buried in the past few days, a toll taken after antigovernment demonstrations turned deadly.

“I am afraid of the mayor,” said one woman at work at the Education Ministry, too frightened to disclose her name. “He is not yet in power, and he says, ‘I command the government, I command the army.’ What would happen if he really took power? He’d be even worse than the current president.”

About 165 million years ago, as continents drifted, Madagascar splintered off into the Indian Ocean roughly 300 miles east of Africa. Evolution was most inventive within this steamy isolation. Even today, most creatures here do not exist elsewhere, including moths the size of dinner plates.

People finally arrived 2,000 years ago, most paddling across the vastness from Malaysia and Indonesia. Their names came to be as oversized as the wildlife. One late 18th century monarch took the name Andrianampoinimerinandriantsimitoviaminandriampanjaka. His kingdom reached over much of this lush island, the fourth largest in the world.

The geography is visually splendid, with mountains and deserts and ribbons of rain forests. But Madagascar has not been a paradise for its people. It is one of the globe’s poorest countries, with more than half the population getting by on less than $1 a day.

Politically, the climate has long been as unsettling as the cyclones that regularly ravage the coastline. While the current president, Mr. Ravalomanana, has been elected twice, his popularity has now taken a cliff dive. He runs not only this nation of 20 million but also a mammoth business conglomerate. People perceive conflicts in his various interests.

In November, word spread that President Ravalomanana had made a deal with the Daewoo corporation, leasing it more than three million acres of farmland for 99 years, making Madagascar the breadbasket of South Korea.

The government has since said the deal has never gone beyond the early stages of negotiations, but public outrage hasn’t yet been capped.

“Foreign governments give money to Madagascar, and instead the money goes only to our president,” is a favorite allegation leveled by Mr. Rajoelina, an entertainment impresario elected here in December 2007 as the mayor of the capital and now the fulcrum of opposition against the president.

Malagasy politics are not a simple affair, and many here believe that the 34-year-old mayor is actually a front man for one of the island’s earlier presidents, the exiled Didier Ratsiraka.

After Vivo, a television station owned by Mr. Rajoelina, aired a long interview with Mr. Ratsiraka, it was shut down by President Ravalomanana. On Jan. 26, in seeming retribution, people left one of the mayor’s rallies and destroyed a television station belonging to the president, along with other stores and factories that were part of his extensive holdings.

Mr. Rajoelina continues to stage rallies nearly every day, drawing thousands of people along Antananarivo’s broadest boulevard. Each begins with the Vangelis theme from the film “1492: The Conquest of Paradise.” Then singers and poets precede an appearance by the mayor, who, while barely visible behind his bodyguards, rails against Mr. Ravalomanana, calling him a dictator and explaining his plans for a transitional government.

But on Monday, the crowd had thinned to half the size of the one that had been present on Saturday to hear his claim of command of the country, and to a fraction of the ones in the days before. After declaring himself in charge, it appeared time for the mayor to either put up or shut up, and instead he did neither.

“The balance seems to be tilting in the direction of the president,” said Niels Marquadt, the American ambassador. “But this isn’t over. It’s going to be a long-term process.”


That same sentiment — the dreary expectation of extended turmoil — seemed pervasive on Monday in the government ministries. “The Malagasy people are like riders aboard a rickety bus,” said a woman named Jocelyn. “This bus cannot find a driver.”

www.nytimes.com

20min: Crise à Madagascar: «La difficulté pour Andry Rajoelina va être de fédérer»

INTERVIEW - Jean-Loup Vivier est spécialiste de l'Afrique et auteur de «Madagascar sous Ravalomanana: La vie politique depuis 2001»...

Depuis le 24 janvier, Madagascar vit au rythme des manifestations et des violences (qui ont fait 68 morts jusqu'à présent). Le 31 janvier, le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, s'est proclamé à la tête des affaires du pays. Et ce mardi, il a informé plusieurs milliers de partisans de son intention de proclamer samedi la liste de son «gouvernement» de transition.

Est-ce la première fois que Madagascar subit une telle crise politique?

Ce qui est frappant dans cette crise, c'est qu'il ne faut pas aller chercher plus loin que l'actuel président, Marc Ravalomanana, pour trouver le même type de conflit. Lors de la dernière élection présidentielle, Marc Ravalomanana a contesté les résultats qui ne le portaient pas gagnant et a lancé un appel aux forces de l'ordre et aux citoyens afin de s'emparer du pouvoir. Aujourd'hui, la situation est quasi similaire, sauf qu'il n'y a pas d'élections en cours. La difficulté pour Andry Rajoelina va être de fédérer les forces de la société civile autour de lui pour bénéficier d'un véritable soutien.

L'accession au pouvoir du maire d'Antatanarivo, Andry Rajoelina, est-elle souhaitable?

Disons que l'actuel président n'a tenu aucune de ses promesses, mais a profité du pouvoir dont il bénéficie pour s'enrichir et enrichir le secteur industriel laitier dans lequel il possède des entreprises. Si les deux hommes sont tous deux originaires de la même région, tous deux des hommes de pouvoir (l'un dans l'industrie laitière, l'autres dans la communication), il apparaît clairement que Rajoelina sera moins nocif pour le pays que l'actuel chef d'Etat.

Le conflit qui oppose le maire au Président semble être plus qu'une lutte politique. Quels sont leurs rapports?

Le maire de la capitale apparaît comme le seul opposant au pouvoir en place. Les opposants politiques à Ravalomanana sont soit morts, soit en prison ou en exil. Andry Rajoelina est donc le seul compétiteur face au Président. Mais cette volonté du maire de faire tomber Ravalomanana trouve également ses sources dans le harcèlement dont il a été victime de la par du pouvoir central. Ayant battu un candidat de Ravalomanana lors des élections municipales, Rajoelina a été victime de pressions comme le blocage du financement de projets qu'il souhaitait mettre en place dans la capitale.

Age

En l'état actuel de la constitution malgache, Andry Rajoelina ne peut pas être élu président. En effet, le maire d'Antananarivo est âgé de 34 ans, or l'article 46 de la constitution spécifie que pour être candidat à la présidence, il faut être âgé d'au moins 40 ans.

www.20minutes.fr

BBC: “Madagascan regime 'sacks mayor'”

The Madagascan government has fired opposition leader Andry Rajoelina from his role as the capital's mayor, amid ongoing political turmoil in the city.

Mr Rajoelina had called for President Marc Ravolamanana to resign, and proclaimed himself in charge of "national affairs" on Saturday.

At least 44 people have died during protests in recent days amid the bitter power struggle between the two men.

A city official gave no reason why Mr Rajoelina was being replaced.

President Ravalomanana, a 59-year-old self-made millionaire, has insisted he is still at the helm and called for calm, according to Reuters news agency.

The African Union has condemned any moves to overthrow him.

Analysts say Mr Rajoelina has successfully tapped into widespread frustration with the government, but may have over-played his hand in trying to overthrow the president, whom he calls a dictator.

http://news.bbc.co.uk

Le Figaro : Madagascar s'enfonce
dans la crise politique

Après les pillages de la semaine dernière, Andry Rajoelina, le maire de la capitale, s'est proclamé en charge du pays.

IL y a là des dames aux robes soigneusement repassées, des petites filles avec des nœuds bleus dans les cheveux et des hommes pensifs aux cravates bien nouées. La petite rue pavée devant le temple ocre de l'Église de Jésus-Christ d'Antanimena, au centre de la capitale malgache, a les allures normales du dimanche. La petite foule suit le prêche. Le pasteur ne dira pas un mot des heurts qui secouent la Grande Île.

Dehors pourtant, chacun commente le bras de fer qui oppose le jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina, au président Marc Ravalomanana. «Le maire veut donner une leçon aux dirigeants. Il a toute la légitimité pour dire au gouvernement de suivre les ordres de Dieu et de partager les richesses», estime Andry Andrasafy. Il y a sept ans, ce chauffeur était déjà descendu dans les rues. C'était alors en soutien à Marc Ravalomanana. «Le président m'a déçu», affirme-t-il. Un revirement que beaucoup ont imité, mais que d'autres condamnent, comme Eddie, qui ne voit dans le mouvement «qu'une manipulation liée aux ambitions politiques du maire». D'un côté comme de l'autre, le ton reste feutré.

Tout comme lors de la sortie des 10 000 fidèles de l'immense temple aux faux airs de hangar de Jesosy Mamoujy (Jésus Sauveur). Les pasteurs de la plus puissante secte évangélique du pays ont, eux aussi, gardé le silence autour des événements. «Nous ne faisons pas de politique», assure Antoine Rakotomiamina, l'un des dirigeants du mouvement. Dans les faits, l'Église, comme beaucoup de fidèles, préfère observer une réserve prudente. Nul ne sait qui sortira vainqueur du duel engagé. Ni comment. On craint avant tout la violence.

Appel à la grève

La journée de lundi pourrait être importante. Le maire a appelé à de nouvelles grèves dans les ministères et à la paralysie politique du pays. S'il est suivi, l'Île rouge entrera dans un nouvel épisode d'instabilité. Car, samedi, la crise a connu une nette escalade. Devant quelques milliers de ses partisans, Andry Rajoelina, écharpe orange sur les épaules, s'est lancé dans un coup d'État verbal, se disant en charge des affaires de Madagascar. L'homme qui a visiblement suivi de près la révolution de velours en Ukraine a toute de suite ajouté : «Une demande pour le départ immédiat du président sera déposée prochainement au Parlement afin de suivre la procédure légale.» L'édile n'avait pourtant jusqu'alors réclamé que la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Il y a quelques jours, il semblait même prêt à se contenter de la réouverture de son antenne de télévision.

C'est la fermeture de cette chaîne qui a servi de point de départ à la contestation. «Ce fut en réalité plus un déclencheur qu'autre chose», souligne Jean-Éric Rakotoarisoa. Selon cet analyste politique, vice-président de l'université d'Antananarivo, le malaise latent remonte beaucoup plus loin. La baisse du pouvoir d'achat, la hausse des prix dans un pays déjà frappé par la misère a grossi les rangs des ventres creux et des mécontents. Le maire, surnommé «TGV» en raison de son accession fulgurante, a surfé sur cette grogne.

Marc Ravalomanana est le premier visé par la colère. En tant que chef d'État, mais aussi en tant que patron de Tiko, un puissant groupe agroalimentaire. «Depuis l'accession au pouvoir du président, ses entreprises, au départ dans l'alimentaire, trustent tout les secteurs rentables de l'économie. C'est une forme très originale et très efficace de corruption», témoigne un diplomate occidental.

Les prix flambent

Lundi dernier, lorsque les marches pour la démocratie ont viré au pillage et aux émeutes de la faim, ce sont les entreprises du président qui ont été les premières touchées. En quelques heures, des dizaines d'entrepôts de gros ont été saccagés, des tonnes de marchandises emportées. Des sacs de riz ou de sucre, des bidons d'huile providentiels se sont échangés au marché noir. Mais aujourd'hui, les étals sont vides et la pénurie fait flamber les prix. «Cela pourrait encore aggraver la fracture», explique Jean-Éric Rakotoarisoa, qui estime néanmoins les demandes du maire «prématurées». «C'est une dangereuse fuite en avant.» Conscient des risques, le président est brièvement sorti samedi soir de son silence. «Je suis toujours le chef de l'État et le pays est calme», a-t-il assuré. Pas un mot sur son jeune rival, qui ne semble pas exister à ses yeux, et encore moins sur ses demandes.

Pour sortir le pays d'un statu quo qui tourne à l'impasse, ceux qui cherchent un médiateur lorgnent de plus en plus vers l'armée. Mais les militaires, légalistes, restent pour l'heure muets.

www.lefigaro.fr | Tanguy Berthemet, envoyé spécial à Antananarivo 02/02/2009 | Mise à jour : 07:40

Condamnation de la France et de l’Union Africaine

Après l’Union africaine (UA) qui avait “condamné toute prise de pouvoir en dehors de la Constitution”, par la voix du président de sa commission Jean Ping samedi et après la proclamation de Andry TGV qui se dit en charge des affaires nationales, au tour de la France de demander hier que “la légalité et l’ordre constitutionnel soient respectés dans le Grande Île”. Suite à l’annonce lundi du dépôt d’une demande de destitution du président par le maire d’Antananarivo, “La France considère qu’il est impératif de respecter la légalité et l’ordre constitutionnel. Toute solution pacifique à la crise passe par un dialogue politique entre les parties”, a affirmé le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux. Paris a fait savoir sa disponibilité “pour favoriser la recherche d’une solution pacifique et durable à la crise si les Malgaches le jugeaient utile”. Dans un communiqué, le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a aussi appelé “au dialogue” et condamné “fermement toute action visant à déstabiliser le pays et susceptible de porter atteinte à l’État de droit et à remettre en cause l’ordre constitutionnel”.

www.clicanoo.com | Publié le 3 février 2009

Andry TGV en perte de vitesse

L’appel à la fermeture des ministères, lancé par Andry Rajoelina autoproclamé dirigeant de Madagascar samedi, n’a visiblement pas été entendu. Les fonctionnaires ont travaillé. Les manifestants sur la place du 13-Mai sont de moins en moins nombreux et les condamnations par la communauté internationale (dont la France) de son autoproclamation affluent. Le TGV perd de la vitesse.

Le drapeau rouge, vert et blanc flottait dans la cour commune de trois ministères : celui de l’aménagement du territoire, celui du transport et celui de la décentralisation. Au pied du mât, les trois ministres entourés des fonctionnaires entonnaient l’hymne national “Ry Tanindrazanay malala” comme tous les lundis, depuis 2002. Aussi, malgré l’appel à la grève lancé par Rajoelina samedi dernier, la journée d’hier était un début de semaine comme les autres, pour les quelque 200 employés de ces trois ministères.

CHEMIN DE L’ECOLE

À la question de savoir si “tout le monde est venu travailler”, le responsable de la communication de la décentralisation répond : “Je ne dispose pas encore des données exactes sur le nombre de personnes présentes, mais en tout cas, tous les lundis, nous avons la même quantité de gens que ce matin”. Même constat à Anosy, Tsimbazaza et Antaninarenina où se situent les ministères et autres centres administratifs de la capitale. Comme le Général Pily Gilbain, en charge de la sécurité, l’a annoncé la veille, on notera la présence de militaires aussi bien dans les rues de Tana qu’à l’intérieur même des bâtiments. Ainsi, Andry TGV semble avoir échoué dans sa tentative de paralyser les ministères pour démontrer la légitimité de la lutte qu’il mène. Les fonctionnaires n’ont visiblement pas été sensibles à l’appel du jeune maire qui s’autoproclamait “aux commandes de la gestion des affaires nationales et des ministères” samedi. Les élèves ont aussi retrouvé le chemin de l’école comme l’a demandé la ministre de l’Éducation nationale, dimanche. Bref, Antananarivo a retrouvé son rythme habituel. Sur la place du 13-Mai, devant les manifestants, de moins en moins nombreux, par rapport aux derniers rassemblements de la semaine dernière, le maire, noyé au milieu d’une dizaine de gardes du corps, a annoncé les démarches qu’il comptait suivre : “Dès cet après-midi, je vais déposer à la Haute Cour constitutionnelle (HCC), devant l’Assemblée nationale et le Sénat, la demande officielle pour la déchéance du Président”. Une procédure vouée à l’échec sachant que le parti présidentiel Tiako i Madagasikara est largement majoritaire dans les deux chambres parlementaires. Ses partisans sont impatients et souhaitent voir le maire installé au palais présidentiel : “Iavoloha, Iavoloha, Iavoloha” ou encore “Iza dia izao” (“Tout de suite !”), ont crié les manifestants comme un seul homme.

MISES EN GARDE EN SERIE

Un peu gêné de ne pas pouvoir satisfaire à cette demande, Andry Rajoelina a trouvé la parade : “Je sais que vous êtes pressés mais il va falloir suivre la voie légale”. Mais le TGV continue à foncer tout droit vers l’insurrectionnel : “Les consultations ont commencé dans le cadre de la formation du gouvernement de transition”. Par ailleurs, Andry TGV a “mis en garde”, un certain nombre de personnes et d’organismes. A commencer par le Gouverneur de la Banque centrale : “Ne soyez pas complice de ce régime. Tous seront jugés par les actes qu’ils auront commis”. Le même message s’adresse aux bailleurs de fonds, ainsi qu’au Conseil des églises et aux Parlementaires. Il a réitéré par ailleurs, qu’il va se rendre dans les régions en dehors de la capitale dans quelques jours. En attendant, il indique que les manifestations sur la place du 13-Mai sont maintenues “jusqu’à ce que Andry Rajoelina soit installé à Iavoloha”, a continué l’animateur Sareraka. On notera enfin que les revendications du jeune maire changent au fil des jours. Il a commencé le 13 janvier avec “la demande de réouverture de sa station de télé” ; quelques jours après, à Ambohijatovo baptisée “Place de la Démocratie” il exige “la démission des ministres des Finances et celui de l’Aménagement du territoire dans le cadre de l’affaire des terrains en tractation avec les Coréens de Daewoo” ; plus tard il demande “la diffusion par la TVM de la manifestation géante qu’il a organisée” ; puis un autre jour “le départ du gouvernement”. Le lundi noir du 26 janvier, il a emmené les manifestants à Anosy devant le tribunal pour “libérer trois universitaires en prison”, avec les débordements qui vont suivre. Samedi, il “demande le départ immédiat du gouvernement et du Président” tout en s’autoproclamant “en charge de la gestion des ministères jusqu’à la mise en place du gouvernement de transition”. Hier, c’était “la destitution du Président par la HCC et les parlementaires”. Et aujourd’hui, nouveau rendez-vous sur la place du 13-Mai. Pour une nouvelle demande ?

De notre envoyé spécial à Antananarivo, Pana Reeve

Solidarité avec Madagascar Solidarité Laïque lance un appel d’urgence pour les sinistrés victimes du cyclone tropical Fanele qui vient de toucher le sud-ouest de Madagascar. Des centaines de sinistrés, de sans-abri... C’est le district de Morondova qui a payé le plus lourd tribut. Le secteur serait détruit à plus de 80%, de nombreuses habitations, des infrastructures administratives sont touchées. Plusieurs milliers de personnes sont isolées à cause des inondations. En lien avec les partenaires Solidarité Laïque va débloquer une aide d’urgence et lance cet appel au don. Vous pouvez envoyer vos dons par chèque ou en ligne sur www.solidarite-laique.asso.fr ou Solidarité Laïque – urgence Madagascar 22, rue Corvisart – 73013 Paris.

Condamnation de la France et de l’Union Africaine

Après l’Union africaine (UA) qui avait “condamné toute prise de pouvoir en dehors de la Constitution”, par la voix du président de sa commission Jean Ping samedi et après la proclamation de Andry TGV qui se dit en charge des affaires nationales, au tour de la France de demander hier que “la légalité et l’ordre constitutionnel soient respectés dans le Grande Île”. Suite à l’annonce lundi du dépôt d’une demande de destitution du président par le maire d’Antananarivo, “La France considère qu’il est impératif de respecter la légalité et l’ordre constitutionnel. Toute solution pacifique à la crise passe par un dialogue politique entre les parties”, a affirmé le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux. Paris a fait savoir sa disponibilité “pour favoriser la recherche d’une solution pacifique et durable à la crise si les Malgaches le jugeaient utile”. Dans un communiqué, le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a aussi appelé “au dialogue” et condamné “fermement toute action visant à déstabiliser le pays et susceptible de porter atteinte à l’État de droit et à remettre en cause l’ordre constitutionnel”.

www.clicanoo.com | Publié le 3 février 2009

Communiqué de presse de l’Organisation Internationale de la Francophonie

Paris, le 2 février 2009

Abdou Diouf appelle au respect de l'ordre constitutionnel et au plein respect des droits et libertés à Madagascar

Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, exprime sa grande inquiétude face à l'aggravation de la situation politique à Madagascar. Il dénonce les actes de violence perpétrés depuis le 26 janvier dernier dans le pays et déplore les pertes en vies humaines provoquées par ces violences ainsi que les destructions matérielles consécutives aux manifestations organisées ces derniers jours.

Dans ce contexte de tension, il appelle à un retour rapide au calme et à la sérénité et encourage vivement toutes les parties au dialogue et à la modération. Il condamne fermement toute action visant à déstabiliser le pays et susceptible de porter atteinte à l'État de droit et à remettre en cause l'ordre constitutionnel et ce conformément aux dispositions de la Déclaration de Bamako.

Il estime que tous les Malgaches sont dans l'obligation impérative de respecter pleinement les droits et libertés fondamentaux, et notamment la liberté d'expression dans un environnement apaisé, ainsi que la protection des personnes et des biens.

Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, s'engage à appuyer et à s'associer à toutes les initiatives internationales favorisant le dialogue et la réconciliation nationale au service de la paix et de la démocratie.

Il affirme la disponibilité de la Francophonie à œuvrer, dans le respect de la constitution et des lois malgaches, à la résolution des tensions et au retour à la stabilité.

L'OIF compte 56 Etats et gouvernements membres, et 14 pays observateurs.

Pour plus da renseignements sur la Francophonie: www.francophonie.org

Déclaration de l’Union Africaine



« Tout changement de pouvoir anti-constitutionnel à Madagascar sera condamné. Nous avons des principes très clairs qui sont toujours les mêmes, c’est-à-dire qu’il est interdit d’accéder au pouvoir par des voix qui ne sont pas constitutionnelles. »

Le 12eme sommet de l’Union Africain s‘est ouvert hier.
 
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