vendredi 24 juillet 2009

Processus consensuel : encore possible ? (24 Juillet 2009)

La situation politique à Madagascar devrait connaître de nouvelles évolutions dans les deux prochaines semaines. Il y aura le procès des quatre parlementaires légalistes, celui du Premier Ministre Manandafy Rakotonirina, la HAT et son gouvernement ont déclaré qu’ils vont prendre des mesures pour interdire et mettre fin au rassemblement de Magro Ankorondrano, la venue d’une mission préparatoire du groupe de contact international la semaine prochaine, la réunion prévue se tenir dans le courant de la première semaine du mois d’Aout entre les chefs de file des mouvances en cause qui sont Ravalomanana, Ratsiraka, Zafy, Rajoelina. Et déjà, la question de qui va participer et qui va boycotter cette réunion se pose étant donné qu’au cours de la réunion d’Addis Abeba du 22 juillet, les présidents de délégation des mouvances Zafy et Rajoelina ont brillé par leur absence. La venue de la mission préparatoire la semaine prochaine va peut être convaincre les parties récalcitrantes.

La position de la communauté internationale reste inchangée, le changement inconstitutionnel survenu dans le pays n’est pas accepté et elle incite à la recherche d’une solution consensuelle entre les parties pour sortir le pays dans cette crise qui affecte de plus en plus la vie quotidienne de la population et l’économie du pays.

Mais au vue des différentes décisions et déclarations de ces derniers jours, l’on se demande si une rencontre ou un quelconque dialogue entre les parties concernées pourraient encore se faire, la HAT accusant les légalistes d’être des terroristes et ayant déjà déclaré qu’elle ne discuterait pas avec eux. Par ailleurs, la HAT continue son chemin et fait déjà dans les propagandes et le renforcement de son « pouvoir » au niveau national, ne serait – ce que par les inaugurations qu’elle fait ici et là, inauguration que le KMF CNOE, observateur de la vie nationale, a critiqué comme étant des propagandes anticipées de la HAT. Etant surtout entendu qu’une autorité de transition ne pourrait parler de programme. La HAT se prépare aussi à l’organisation de la conférence nationale, suite des assises ou conférences régionales qu’elle a organisées. Une conférence qu’elle organise pour conclure sur le référendum, la modification de la constitution, l’élection présidentielle… La date de cette conférence unilatérale de la HAT (l’on rappel en effet que durant les assises régionales aucune des 3 autres mouvances n’y a participé) est prévue vers la fin du mois d’aout. Pourtant, « Le Groupe de contact a mis en garde contre toute démarche unilatérale visant à légitimer le changement anticonstitutionnel intervenu à Madagascar, notamment l’organisation par les autorités de fait d’une conférence nationale et d’élections sans accord » (communiqué issu de la réunion). La conférence de la HAT se tiendra dans un mois, une évolution peut encore survenir, mais au vu de la position de la HAT durant ses prises de décision, il ne faut pas trop y croire.

La situation risque encore de se tendre face à ces positions et prises de décision, et la question se pose si le dialogue pourrait se faire et si un processus consensuel pourrait être trouvé pour résoudre la situation actuelle. Ceci avec les questions d’arrestation, les dénonciations et la violation des droits de l’homme à Madagascar.

« Le Groupe de contact a encouragé le CPS à demeurer activement saisi de la situation à Madagascar et, conformément à ses décisions antérieures et aux instruments pertinents de l’UA, notamment la Déclaration de Lomé, à prendre, le cas échéant, les mesures prévues à cet effet si, à l’expiration du délai de six mois stipulé par la Déclaration, aucun progrès significatif n’est enregistré sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel. », délai qui expire dans 53 jours.

Et encore des questions (24 Juillet 2009)

D’autres bombes ont été découvertes jeudi à Ambohidahy, au niveau des bureaux de la chancellerie, un lieu situé près du palais d’Ambohitsorohitra. Comme les autres bombes découvertes récemment, ces bombes n’ont pas explosé, malgré trois appels manquants sur le téléphone censé la faire sautée (c’est le colonel Ravalomanana qui l’a dit).
Dans un communiqué, le parti MFM du Premier Ministre Manandafy Rakotonirina a posé beaucoup de questions. Qui aurait à gagner de ces actes ? Qui aurait – pu faire des attaques armées de « lance rocket », qui ont été aperçu durant l’attaque de VIVA ? Qui peut circuler librement dans la nuit avec pleins de sacs de sable pour faire des barrages sans être vu ni déranger ? Pourquoi les forces de l’ordre sont très rapides à dénoncer les manifestants du MAGRO et les personnes arrêter qui ont commandité ces actes ?...

Et des questions, beaucoup s’en posent, pas seulement le MFM.

Selon le MFM, certains cherchent à piéger les légalistes. Les légalistes devront faire preuve de prudence et faire attention à toutes les manigances des imposteurs de pouvoir. Le parti de déclarer qu’il soutiendra jusqu’au bout la protection de la légalité.

Communiqué de la réunion consultative sur la situation à Madagascar

Addis Abeb , 22 juillet 2009



  1. A l’initiative du Président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Jean Ping, et dans le prolongement des décisions pertinentes du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA et de la décision sur le rapport du CPS sur ses activités et l’état de la paix et de la sécurité en Afrique [Assembly/AU/Dec.252(XIII)], adoptée par la 13ème session ordinaire de la Conférence de l’Union tenue à Sirte, en Libye, du 1er au 3 juillet 2009, le Groupe international de contact sur Madagascar a tenu sa deuxième réunion consultative à Addis Abéba, le 22 juillet 2009. Le Groupe de contact a pour objectif de mieux coordonner l’action de la communauté internationale en vue du retour rapide à l’ordre constitutionnel à Madagascar. Outre l’UA, cette réunion a regroupé les organisations et pays ci-après :

    Commission de l’Océan Indien (COI), Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), Nations unies, Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et Union européenne (UE). La Libye, en sa qualité de pays assurant la présidence en exercice de l’UA, l’Ethiopie, en sa qualité de pays assurant la présidence du CPS de l’UA pour le mois de juillet 2009, ainsi que les membres africains et les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, ont également pris part à la réunion. Au cours de ses délibérations, le Groupe de contact a entendu des communications des chefs de délégations des mouvances politiques Ravalomanana et Ratsiraka, qui ont répondu positivement à l’invitation adressée par l’UA aux quatre mouvances politiques malgaches.

  2. Le Groupe de contact a passé en revue l’évolution de la situation à Madagascar depuis sa réunion du 30 avril 2009. A cet égard, les participants ont réaffirmé les termes du communiqué publié par le Groupe de contact à l’issue de sa réunion inaugurale. Ils ont noté que les négociations entre les mouvances politiques malgaches en vue de l’adoption d’une Charte de transition pour une sortie de crise pacifique et consensuelle à Madagascar, conduites sous l’égide de l’UA, par une équipe de médiation internationale comprenant les Envoyés spéciaux de l’UA, de la SADC, des Nations unies et de l’OIF, avaient permis d’enregistrer des avancées importantes, avant d’être suspendues, le 16 juin 2009, du fait du raidissement des positions des parties. Les participants ont exprimé leur appréciation à la Médiation pour ses efforts, déployés avec l’appui du Chapitre opérationnel local du Groupe de contact, qui a tenu quatre réunions au cours de la période considérée.

  3. Le Groupe de contact a salué les conclusions et décisions du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement de la SADC sur Madagascar, tenue à Sandton, en Afrique du Sud, le 20 juin 2009, qui a notamment exhorté toutes les parties prenantes malgaches à s’engager en faveur d’un règlement pacifique et négocié de la crise. Le Groupe de contact s’est, en particulier, félicité de la nomination de l’ancien Président Joaquim Chissano du Mozambique comme chef de l’équipe de médiation de la SADC dans la crise malgache. Le Président Chissano a informé les participants des résultats de la mission qu’il a effectuée à Antananarivo et à Paris, du 9 au 20 juillet 2009.

  4. Le Groupe de contact a pris note de la position sur la situation à Madagascar contenue dans la décision Assembly/AU/Dec.252(XIII) mentionnée plus haut, par laquelle les chefs d’Etat et de Gouvernement ont, entre autres, exprimé leur appui aux éléments de sortie de crise articulés par le Groupe de contact lors de sa réunion du 30 avril 2009, encouragé le Président de la Commission de l’UA à poursuivre et à intensifier ses efforts en vue du retour rapide à l’ordre constitutionnel, en étroite consultation avec la SADC, ainsi qu’avec les Nations unies, l’OIF et l’UE ; et se sont félicités de la désignation, par la SADC, de l’ancien Président Joaquim Chissano comme chef de son Equipe de médiation sur la crise malgache.

  5. Le Groupe de contact a également pris note du communiqué publié le 6 juillet 2009, à la suite de la consultation entre l’UE et les autorités malgaches de facto, dans le cadre de l’article 96 de l’Accord de Cotonou, communiqué qui, tout en indiquant que « les propositions et les engagements de la partie malgache restent dans un cadre non constitutionnel, ne présentant pas de perspectives crédibles à un retour à l’ordre constitutionnel », en appelle à un accord consensuel pour le retour à l’ordre constitutionnel.

  6. Le Groupe de contact a fermement condamné les actes de violence perpétrés notamment ces deniers jours à Madagascar, ainsi que les menaces qui pèsent sur les journalistes et la liberté de la presse. Il a adressé une mise en garde aux extrémistes, de quelque bord qu’ils soient, qui jettent de l’huile sur le feu et compromettent, par leurs actes, la recherche d’une solution négociée.

  7. Le Groupe de contact a mis en garde contre toute démarche unilatérale visant à légitimer le changement anticonstitutionnel intervenu à Madagascar, notamment l’organisation par les autorités de fait d’une conférence nationale et d’élections sans accord politique inclusif, et rejeté fermement toute tentative d’imposer des faits accomplis. Le Groupe de contact a instamment demandé aux autorités de fait, ainsi qu’aux autres parties malgaches, de placer l’intérêt de Madagascar et la recherche du consensus au dessus de toute autre considération, particulièrement au regard des risques d’instabilité accrue dans l’Ile, ainsi que de la détérioration continue de la situation économique et sociale, des souffrances qui en résultent pour la population civile et du danger que cette situation fait peser sur les accords qui lient Madagascar à ses partenaires, y compris l’AGOA.

  8. A la lumière de ce qui précède, et après avoir réaffirmé le rejet total par leurs organisations et pays respectifs du changement anticonstitutionnel intervenu à Madagascar, ainsi que les termes du communiqué du Groupe de contact du 30 avril 2009, les participants ont souligné l’impératif du retour rapide à l’ordre constitutionnel, à travers un processus consensuel impliquant l’ensemble des acteurs politiques malgaches et fondé sur le respect des dispositions pertinentes de la Constitution du pays. Ils ont réitéré leur engagement à oeuvrer ensemble pour aider toutes les parties malgaches à réaliser cet objectif, à travers la tenue d’élections libres, régulières et transparentes, sous la supervision de la communauté internationale.

  9. De façon plus spécifique, le Groupe de contact est convenu de ce qui suit :

    1. convocation, sous l’égide de l’UA, au Mozambique, au plus tard dans la première semaine du mois d’août 2009, d’une réunion entre toutes les mouvances politiques malgaches représentées par leurs chefs de file respectifs, pour parvenir à une solution consensuelle en vue du retour rapide àl’ordre constitutionnel et régler les questions restées pendantes après la suspension des négociations inter-malgaches, le 16 juin 2009 ;

    2. cette rencontre se déroulera sous la direction de l’ancien Président Joaquim Chissano, assisté de l’Equipe de médiation de la SADC et des Envoyés spéciaux de l’UA, des Nations unies et de l’OIF, avec l’appui des autres membres du Groupe de contact ;

    3. le Médiateur de la SADC, en étroite collaboration avec les Envoyés spéciaux de l'UA, des Nations unies et de l'OIF, déterminera les modalités d'une mission préparatoire à Madagascar, la semaine prochaine, pour faciliter le bon déroulement et le succès de la réunion des chefs de file des mouvances malgaches, et prendra attache avec toutes les parties malgaches tant à Madagascar qu’en dehors de Madagascar.

  10. Le Groupe de contact a encouragé le CPS à demeurer activement saisi de la situation à Madagascar et, conformément à ses décisions antérieures et aux instruments pertinents de l’UA, notamment la Déclaration de Lomé, à prendre, le cas échéant, les mesures prévues à cet effet si, à l’expiration du délai de six mois stipulé par la Déclaration, aucun progrès significatif n’est enregistré sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel.

  11. Le Groupe de contact a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle poursuive l’assistance humanitaire nécessaire afin d’alléger les difficultés de vie des populations malgaches aggravées par la situation politique actuelle.

  12. Les membres du Groupe de contact sont convenus de continuer à travailler ensemble sous l’égide de l’UA et en appui à ses efforts, afin de promouvoir un règlement rapide de la crise et le retour à l’ordre constitutionnel à Madagascar. Ils sont convenus de tenir leur prochaine réunion à une date et en un lieu qui seront déterminés au vu des progrès qui auront été réalisés dans le processus de médiation.

Addis Abéba, le 22 juillet 2009

 
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