ADDIS ABEBA (AFP) — L'Union africaine (UA) a averti lundi l'opposition et l'armée malgaches qu'elle condamnerait toute prise illégale du pouvoir à Antananarivo, à l'issue d'une réunion d'urgence à Addis Abeba.
"Si l'opposition veut s'emparer du pouvoir sans avoir rempli les obligations légales et constitutionnelles, ce sera un coup d'Etat et nous condamnerons", a affirmé à la presse le président en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, le Béninois Edouard Aho-Glélé.
"Nous condamnons toutes les actions qui mènent à des crises, sociale, ou coup d'Etat ou tentative. En cela nous condamnons les éléments, les actions qui ont amené à cette situation que nous déplorons maintenant" à Madagascar, a ajouté l'ambassadeur du Bénin auprès de l'UA à l'issue d'une réunion de cinq heures de réunion à huis clos du Conseil.
"Ce n'est pas à nous de condamner l'opposition malgache. Nous condamnons les actions qui mettent en péril l'ordre constitutionnel, nous ne condamnons personne à cette étape-ci. Il n'y a pas encore eu de coup d'Etat mais il y a une tentative", a-t-il expliqué.
Interrogé sur la proposition du président malgache Marc Ravalomanana d'organiser un référendum pour trancher la crise politique, M. Aho-Glélé a répondu que la question n'a "pas été directement étudiée".
"Mais nous avons dit que tout ce qui doit être fait doit l'être en conformité avec les dispositions constitutionnelles. Si l'organisation d'un référendum est conforme aux dispositions constitutionnelles, l'Etat malgache verra cela avec les parties prenantes, mais ce n'est pas à nous de nous prononcer", a-t-il estimé.
Le chef de l'opposition malgache, Andry Rajoelina, a rejeté lundi la tenue d'un référendum pour régler la crise et a demandé aux forces de l'ordre d'arrêter le chef de l'Etat, retranché au palais présidentiel.
L'ambassadeur de Madagascar auprès de l'UA, Jean Pierre Rakotoarivony, avait indiqué avant la réunion espérer que le CPS soutiendrait la proposition de référendum de M. Ravalomana.
L'UA a déjà plusieurs fois condamné toute tentative anticonstitutionnelle de prise de pouvoir dans cette île de l'océan Indien, où doit se tenir en juillet le prochain sommet de l'organisation.
De son côté, à Bruxelles, l'Union européenne a mis en garde contre une prise du pouvoir par la force à Madagascar, soulignant qu'un chef d'Etat mis en place par la violence ne serait pas "reconnu" comme légitime.
"L'Union européenne rejette bien sûr tout acte de violence et, si un nouveau chef d'Etat était mis en place par la force militaire, contre la Constitution, alors ce ne serait pas quelqu'un que nous reconnaîtrions", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, dont le pays préside l'UE.
"Et nous ferons la même chose que par exemple pour la Mauritanie" où un putsch a renversé en août dernier le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a-t-il continué.
La Commission européenne a suspendu la quasi-totalité de l'aide européenne à la Mauritanie après la prise de pouvoir par la junte le 6 août dernier, et l'UE a entamé un processus de consultation avec les nouvelles autorités mauritaniennes pour les pousser à se plier aux exigences internationales.
Sans avancée dans ces consultations, prévues par l'accord de Cotonou qui régit les relations UE-ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) en cas d'atteintes graves à la démocratie, l'UE pourrait prendre d'autres sanctions.
A Madagascar, Andry Rajoelina a demandé lundi aux forces de l'ordre d'arrêter "sans retard" le président Ravalomanana.
Quelques heures plus tard, des tirs nourris étaient entendus dans les bureaux de la présidence dans le centre d'Antananarivo, peu après que des militaires furent entrés en force dans le bâtiment, délaissé par Ravalomanana, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Nous suivons de très près la situation et on continuera à le faire. Et nous prendrons les décisions adéquates", a également indiqué lundi le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Javier Solana.
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