samedi 10 octobre 2009

La lutte continue (09 octobre 2009)

Comment les médiateurs vont se comporter cette fois, étant certain que les quatre signatures des chefs de file ne seront pas réunies pour admettre Rajoelina à la place de président de la transition. Vont -ils faire reprendre les négociations entre les quatre chefs de file ou forcer la mise en place de la transition en écartant (la mouvance) Ravalomanana?

Ravalomanana a été clair, il ne signera aucun accord retenant Rajoelina. Pour Ravalomanana, les discussions doivent reprendre en Afrique ou à Madagascar pour la mise en place d'une transition réellement neutre, inclusive et consensuelle. Vendredi, il a déclaré sur une station radio qu'il n'ira pas à Paris, pas plus qu'à Genève (des informations courant que la prochaine rencontre entre les 4 chefs de file se déroulera dans l'une de ces deux villes).

La balle est entre les mains des médiateurs, traitement équitable des mouvances ou traitement biaisé?

Dans une lettre qu'il a envoyé à Jean Ping vendredi, Ravalomanana a manifesté sa consternation sur la conduite de la réunion du 06 octobre dernier. "La prétendue attribution définitive de la présidence de transition à Andry Rajoelina a été imposée d'avance sans qu'il y ait eu débats entre les chefs de file sur ce sujet"... Des décisions importantes étaient à prendre durant la réunion mais les quatre chefs de file n'ont pas été présents (contrairement à ce qui s'est passé à Maputo).

Les médiateurs vont - ils entériner la décision de retenir Rajoelina malgré l'opposition de Ravalomanana? Si ce sera le cas, qu'en est il de l'équité entre les mouvances? Où sera le principe d'inclusivité et de consensus? A rappeler qu'à Maputo des propositions ont été émises mais n'ayant pas obtenu l'adhérence des 4 mouvances elles n'ont pas été considérées. Ce qui est le cas actuellement.

Ravalomanana a expliqué vendredi que sa position n'est pas poussée par la haine d'une personne mais par respect à des principes.

Quel model laisserait - on aux générations futures et comment le pays pourrait - il évoluer si l'on accepte l'idée de légitimer un putschiste? Une personne plus maline pourrait aussi se lever un de ces jours et prendre le pouvoir avec l'aide de l'armée ou par d'autres moyens et se référer à la situation actuelle pour voir son acte légitimer.

La discussion sur Rajoelina en tant que Président a déjà eu lieu à Maputo selon Marc Ravalomanana et il a quitté la réunion. "Comment peut on désigner un auteur de coup d'Etat comme Président?"

Et de surcroit l'auteur de ce coup d'Etat qui n'est selon Ravalomanana qu'un pion pour détruire ce qui a été accompli durant les 7 dernières années. Selon ses explications, tout a été mis en oeuvre pour mettre Madagascar en trouble parce qu'un pays a peur de perdre ses intérêts économiques. Si la réunion de l'UA avait pu se tenir normalement, le monde entier aurait vu comment Madagascar s'est développé aussi ils ont tout fait pour détruire le pays (pillage, destruction et le coup d'Etat). Ravalomanana a désigné le pays: la France.

Ravalomanana a appelé la population à persévérer dans la revendication de la légalité. La majorité de la population réclame le retour de la légalité et rejette le putschiste mais elle a peur des représailles, des arrestations et des balles a dit Ravalomanana. La mobilisation des partisans de la légalité continue à Ankorondrano et dans plusieurs villes de Madagascar.

Lettre de S.E.M. le Président Marc Ravalomanana à S.E.M. Jean Ping

Johannesbourg, 09 octobre 2009

Cher Président Ping,

La Mouvance Ravalomanana :

  • Rappelant que le changement anticonstitutionnel survenu à Madagascar a provoqué la réaction de la Communauté internationale qui n’a pas hésité à prendre des sanctions concrétisées par la suspension de Madagascar des organisations internationales et gel de toutes aides internationales. Ce qui signifie que la communauté internationale a pris acte de la réalité d’un coup d’Etat à Madagascar.

  • Faisant siens les principes, déclarations, conventions et résolutions universellement reconnus notamment le refus d’adouber des putschistes à la tête de l’Etat et le respect des résultats des votes citoyens, consignés dans notre déclaration faite à Maputo le 26 août 2009 et confirmée pas le message du SEM Marc RAVALOMANANA lu, au préalable lors de la réunion en date du 6 octobre 2009 tenue au Carlton Antananarivo;

  • Rappelant que la revendication première, légitime et immuable de la mouvance est le retour à l’ordre constitutionnel ;

  • Rappelant l’article premier de la charte de la transition pour une transition neutre, inclusive, pacifique et consensuelle ;

  • Convaincue que la seule et unique voie de sortie pacifique à la crise politique qui mine le pays depuis plusieurs mois, est la mise en œuvre sans réserve de l’esprit des accords de Maputo dont la Mouvance Ravalomanana est partie prenante à part entière.

  • Rappelant :

    1. Qu’à Maputo II, le communiqué final de l’Équipe Internationale de Médiation a bien souligné « qu’il a été impossible de trouver un consensus sur la nomination aux postes de Président, Vice Président et Premier ministre de la Transition.

    2. Qu’ainsi les esquisses de propositions faites à Maputo, n’étant pas signées ne lient personne mais constituent seulement des pistes de réflexion, et ne peuvent en aucun cas être considérées comme définitivement acquises

    3. Que la Mouvance Ravalomanana a toujours réfuté la nomination d’un putschiste à la tête de l’Etat, qu’il est ainsi faux de dire que la forte objection a été émise pour la première fois au Carlton ;

Malheureusement, la réunion sous l’égide du GIC n’a pas respecté manifestement l’esprit de neutralité et de consensus dans la mesure où la direction de ladite réunion a été purement en contradiction avec l’esprit de Maputo tant sur le fond que sur la procédure : prise de parole par les seuls Chefs de délégation, absence des chefs de file pour des décisions aussi importantes.

La prétendue attribution définitive de la présidence de la transition à Andry Rajoelina était imposée d’avance sans qu’il y ait eu débats entre chefs de file à ce sujet.

Pour tous ces motifs sus mentionnés et se réservant de faire valoir d’autres moyens en temps opportun:

  • Est consternée par la négation par le GIC des valeurs qu’il a prônées et qui sont à la base des sanctions ci-dessus rappelées et prononcées à l’encontre de Madagascar

  • Regrette que la discussion fût essentiellement axée sur la question du premier ministre de consensus

  • Requiert instamment et expressément que la prise de ces décisions soient faites en présence des Chefs de file comme il a été procédé tant à Maputo I qu’à Maputo II.

Enfin, la mouvance exige l’exécution des Accords de Maputo à la lettre et respectant l’esprit au préalable et notamment concernant la libération immédiate des détenus, ainsi que le traitement équitable de chaque mouvance.

Nous sommes disposés et décidés à continuer les négociations jusqu’à ce que nous parvenions à nous mettre d’accord sur tous les postes au sein du gouvernement et des institutions de la transition.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma haute considération.


Marc RAVALOMANANA

 
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