dimanche 20 septembre 2009

Impasse politique à Madagascar, où les mesures de sécurité ont été renforcées

LE MONDE | 17.09.09 | 15h39 • Mis à jour le 17.09.09 | 16h05

Johannesburg Correspondant régional L'espoir de voir s'imposer une solution politique à la crise entamée à Madagascar en décembre est-il réduit à néant ? Depuis la signature à Maputo (Mozambique), le 9 août, sous une forte pression internationale, d'un accord entre les quatre principaux responsables malgaches, dont l'homme au pouvoir, Andry Rajoelina, et son prédécesseur renversé en mars, Marc Ravalomanana, plus d'un mois s'est écoulé.

Ce délai devait être mis à profit, selon le calendrier retenu à Maputo, pour désigner l'ensemble des responsables chargés de mener le pays à des élections générales "dans un délai n'excédant pas quinze mois".

Le délai a été atteint puis dépassé sans qu'un accord soit trouvé sur la personnalité chargée de diriger la transition. Andry Rajoelina s'est maintenu à son poste et a reconduit le premier ministre, Roindefo Monja, lequel a annoncé la création d'un gouvernement, rejeté par l'opposition et la médiation internationale.

Entre Andry Rajoelina, le chef de la Haute Autorité de transition (HAT) autoreconduit, et les trois chefs des mouvances d'opposition - terme retenu par les médiateurs du Groupe de contact international (GIC) pour amener les dirigeants malgaches à se parler autour de la même table -, le dialogue est rompu. Albert Zafy, Didier Ratsiraka (deux anciens présidents) et Marc Ravalomanana ont entamé un bras de fer avec le pouvoir. Du consensus mis en avant par le texte de Maputo, il n'est plus question.

A la télévision nationale, mardi soir, lors d'un débat tendu avec le représentant de Marc Ravalomanana, le chef du gouvernement, Roindefo Monja a averti que Madagascar pourrait se retrouver "comme en Somalie" avec les responsables de l'opposition dans le rôle des "chefs de guerre".

Le mercredi 16 septembre, lors d'un entretien téléphonique au Monde, le premier ministre s'en est expliqué : "Ils ont payé des militaires pour essayer de nous déstabiliser. Cela a échoué", a-t-il affirmé depuis Antananarivo, la capitale, où il vient de présider un conseil des ministres, avant d'ajouter :"Ils risquent de faire basculer Madagascar dans une autre crise. Ils fomentent des troubles, ils envoient des casseurs. Ils se sont érigés en chefs de guerre virtuels. Heureusement, sur le terrain, les conséquences sont limitées. Nous maîtrisons la situation, l'administration fonctionne."

Dimanche, l'ancien président Albert Zafy, porte-parole de la coalition des trois opposants, avait déclaré que les leaders de l'opposition ne reconnaissaient plus l'autorité du président Rajoelina. "Les trois groupes resteront soudés", avait ensuite insisté l'ex-président, qui a entamé une tournée de mobilisation en province avec ses alliés. Quelques jours plus tôt, les responsables de la coalition avaient proposé que l'armée prenne le pouvoir jusqu'à l'organisation des élections générales. L'armée avait décliné l'offre.

Madagascar est suspendue des instances de l'Union africaine (UA) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). L'organisation régionale soutient son prédécesseur, Marc Ravalomanana. Depuis son départ forcé en mars, le président déposé vit en partie en Afrique du Sud. Il a pu, un temps, espérer un appui militaire de la SADC pour être ramené à Madagascar. Ces hypothèses avaient été abandonnées pour laisser la place à des négociations menées par le GIC, qui ont culminé avec la signature de l'accord de Maputo. Celui-ci, qui instaurait notamment une amnistie pour les chefs d'Etat, laissant envisager le retour de Marc Ravalomanana.

Restait encore à résoudre de sérieuses difficultés. "Andry Rajoelina avait beaucoup lâché à Maputo. Il n'a pu tenir ses promesses une fois de retour à Madagascar", analyse une source proche du dossier. Le chef du gouvernement, Roindefo Monja, fait valoir que les chefs des mouvances qui s'opposent à la nomination de son gouvernement comptent certains des leurs dans ce même cabinet. Deux ministres appartiennent, par exemple, à la formation de Didier Ratsiraka, "des gens avec lesquels il a des réunions tous les jours, des gens avec lesquels il dîne, des gens qui ont des cartes de son parti", accuse le premier ministre.

Les relations entre le pouvoir et la médiation sont, elles aussi, au point mort. Roindefo Monja accuse le GIC d'avoir "trahi" Madagascar, d'être un "amplificateur des troubles" et d'avoir "tordu le bras"à Andry Rajoelina pour l'amener à signer l'accord de Maputo. "Nous ne sommes pas contre la communauté internationale. Il faut trouver d'autres solutions", ajoute le premier ministre.

Dans les quartiers périphériques de la capitale, des troubles ont repris alors que les partisans de l'opposition se heurtent à l'interdiction de manifester dans le centre de la capitale.

Le conseil des ministres qui s'est achevé mercredi soir a conclu à un "renforcement des mesures de sécurité" ajoutant : "Les entrées et sorties du territoire malgache ainsi que le contrôle de nos frontières vont être sévères et stricts."

D'autres manifestations devraient avoir lieu dans les prochains jours. Un entrepreneur, joint par téléphone, avoue son découragement : "Personne ne dépense d'argent. C'est la crise, on attend."

Jean-Philippe Rémy

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