jeudi 12 février 2009

Viendra (enfin) le temps de la Refondation !

Soyons sérieux et lucides : après le temps de la dispute viendra le temps du retour au travail… et, comme vient de le dire sur RFI l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, « viendra le temps de la bonne gouvernance » ! Plus généralement, à la « lumière » de ce qui vient de se passer, viendra le temps de la Refondation.

La Refondation de la nation malagasy se fera autour de ses vraies valeurs, celles de la solidarité, de la non-violence et du dialogue entre tous. Ces vraies valeurs ancestrales qui sont tellement différentes de ces « valeurs » meurtrières et tellement cyniques que sont la cleptocratie, l’ultralibéralisme appliqué à une économie fragile… et pour tout dire, depuis des décennies le pillage (des terres, des entreprises, des mines…) organisé au profit de… (je vous laisse le soin de poursuivre par vous-même la phrase car ils sont si nombreux !).

La Refondation de notre économie, mérite notre mobilisation. Car autant, pour quelques personnes téléguidées (et leurs donneurs d’ordre), il est facile de brûler les outils de production (entreprises, commerces…), autant il n’est pas aisé de (re)construire une vraie économie où la vraie liberté est laissée aux vrais entrepreneurs. C’est-à-dire ceux qui chaque jour se battent contre les corrompus, les affairistes et ces oisifs qui se nomment pompeusement « opérateurs économiques » et qui ne sont en fait que des « suceurs de sang » et des affameurs (plus de la moitié de la population malgache vit avec moins de 2 euros par jour).

La Refondation de notre société, enfin. Est-il digne aujourd’hui de n’avoir pour seule perspective que l’angoisse du lendemain dans un pays qui pourrait être largement le « grenier à riz » de la grande région du sud-ouest de l’océan Indien ? Les jeunes, les intellectuels et autres diplômés, porteurs d’un vrai savoir-faire qui ne peut s’exprimer, doivent prendre toute leur part dans la (re)construction de l’édifice national.

Devrait-on s’excuser d’être cultivé, diplômé ou ouvert sur l’extérieur ? Pourquoi n’y a-t-il pas de perspective ? Pourquoi ceux qui ont dirigé ce pays depuis des décennies ont-ils brimé les talents… ces talents qui, de guerre lasse, s’en sont allés à l’extérieur ?

Oui, le temps est venu de la Refondation, de cette Troisième voie qui conduira un Peuple majeur, le nôtre, ailleurs que vers le mur !

Oui, diriger un pays nécessite un minimum de talent, de formation et de savoir-faire ! C’est vrai dans tous les grands pays. Et Madagascar est un grand pays. Alors mettons-nous aux normes ! Ce n’est quand même pas une insulte que de demander pour notre Grande île des dirigeants intelligents, cultivés et lettrés. Et Dieu sait que Madagascar ne manque pas de ces personnes de talent !

Mais refonder notre nation signifie en premier lieu qu’il faut nous accorder sur le sens que nous souhaitons donner à notre Destin. Et cela ne peut se construire que dans le consensus, le Fihavanana que j’évoquais dans mon précédent éditorial.

Et, de mon point de vue, les bâtisseurs de cet Ordre nouveau et fraternel doivent être des Sages, des personnes d’expérience et même des érudits (n’en déplaise à ceux qui ne supportent pas les élites cultivées que l’on sait nombreuses dans notre Pays !).

A nous de trouver le meilleur moyen d’aller vers cette Refondation. A nous, d’emprunter ces voies ténues de l’écoute de l’autre (pas n’importe qui, évidemment – suivez mon regard !), de la construction et de la prospérité.

Je sais qu’il est incongru, voire superflu, aujourd’hui de parler de tout cela. Mes amis me disent souvent que l’essentiel pour la quasi-totalité de la population malagasy est de trouver, pour le lendemain, de quoi remplir son assiette de riz et de brèdes. Mais ne peut-on se poser quelques instants, dans ce chaos, afin de nous entendre sur le sens de notre vie ?

Nous savons tous, alors que les crises financières, économiques et sociales risquent d’emporter les économies occidentales, que le reste du monde a autre chose à faire que de se pencher sur le sort de tel ou tel pays.

Nous savons évidemment « qu’il ne faut compter sur ses propres forces », comme le disait le président Mao. Nous savons que nous sommes isolés, dans tous les sens du terme. Alors… viendra le temps de la Refondation… si nous le voulons bien !

Cela étant, à l’heure où nous allons nous séparer momentanément, recueillons-nous un instant, chères lectrices et chers lecteurs, et pensons à celles et ceux qui, au cours de ces dernières semaines, ont payé de leur vie la bêtise des Hommes. Bon week end !

Patrick R.

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