L'euphorie de la victoire, au sein de l'équipe du nouveau maître de Madagascar, aura été de courte durée. Avant même d'être installé complètement après trois mois de bras de fer politique conclus par le départ du président Ravalomanana, le pouvoir d'Andry Rajoelina vacille sur ses bases.
Les responsables de la nouvelle Haute Autorité de transition avaient bien prévu quelques difficultés après le succès de leur coup de force, mercredi 18 mars. Mais alors qu'Andry Rajoelina se préparait pour sa cérémonie d'investiture, samedi, le climat se détériorait plus vite que prévu. Madagascar vient d'être suspendu de l'Union africaine, qui a qualifié la situation de "changement inconstitutionnel de gouvernement". La SADC, organisation de l'Afrique australe, étudie des sanctions.
Les Etats-Unis, qui avaient choisi Madagascar comme l'un des premiers pays à bénéficier de leur programme de lutte contre la pauvreté et soutenaient l'ancien président Marc Ravalomanana, ont qualifié l'accès au pouvoir de M. Rajoelina de " coup d'Etat". Washington a suspendu vendredi son aide non humanitaire et ordonné le rapatriement d'une partie du personnel de son ambassade.
Vendredi en fin d'après-midi, Nicolas Sarkozy a donné le coup de grâce. "Bien sûr, c'est ça, un coup d'Etat", a-t-il déclaré à Bruxelles. "On prend acte mais on va travailler pour arranger la situation", tente de rassurer Ny Hasina Andriamanjato, ministre des affaires étrangères de la Haute Autorité de transition. "Nous comptons beaucoup sur la France (principal bailleur de fonds à Madagascar) pour nous aider", ajoute-t-il.
Le nouvel ambassadeur de France, Jean-Marc Châtaigner, est arrivé à Madagascar - d'où son prédécesseur avait été expulsé par M. Ravalomanana - presque en même temps que le nouveau pouvoir.
De nombreux partenaires de Madagascar s'inquiètent de l'inorganisation des nouvelles autorités et ont été surpris par la décision prise jeudi de suspendre l'Assemblée et le Sénat. Le rôle des partis d'opposition et des officiers n'a pas encore été fixé clairement. Des divisions persistent au sein de l'armée où des colonels se sont trouvés au premier plan de la contestation, bousculant la hiérarchie. Marc Ravalomanana, lui, se cache toujours dans le pays. Un proche de l'ex-président affirme que les " (ex-) ministres ont reçu des menaces de mort".
A la présidence, vendredi, la Haute Autorité de transition installait ses bureaux dans la précipitation. Le président Rajoelina, visage fermé, négociait avec des responsables militaires l'organisation de la cérémonie du lendemain. De la grande parade militaire prévue, il n'est plus question. Certains responsables de l'armée s'inquiètent du contexte de dégradation du pouvoir et hésitent à assister à l'investiture. Un proche d'Andry Rajoelina s'inquiétait : "Vous imaginez ? Et si personne ne vient, comment on va faire ?"
Jean-Philippe Rémy | LE MONDE
Discours du président Ravalomanana
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[image: vih 09 120430 Tafa mivantana nataon'ny PRM]
Il y a 12 ans
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